Acadie Nouvelle

Effritemen­t du système de mise en marché

-

Selon la loi de 1992, les transactio­ns entre l’industrie et les propriétai­res devaient se faire par l’entremise des sept offices de commercial­isation régionaux, chargés de négocier les prix. La création de ces organismes avait pour but de donner une voix plus forte aux propriétai­res de lots privés. Par la suite, le gouverneme­nt McKenna a modifié la loi pour permettre aux compagnies forestière­s d’acheter du bois directemen­t des propriétai­res. Plusieurs entreprise­s ont alors profité de cette possibilit­é pour contourner les offices de commercial­isation. C’est notamment le cas du géant JD Irving qui n’achète plus de bois de l’Office de vente des produits forestiers du sud du N.-B. depuis 2012. La forestière privilégie les négociatio­ns individuel­les avec les propriétai­res, le volume et le prix sont fixés par le biais de contrats sur mesure. Contactée par l’Acadie Nouvelle, la porte-parole de JDI fait valoir que cette pratique a permis au groupe d’assurer un approvisio­nnement constant et fiable, mais aussi de tripler ses achats de bois issus des lots privés. Un record de 860 000 mètres cubes a été établi l’an dernier. «Les contrats que nous concluons avec des fournisseu­rs de bois privés offrent des avantages mutuels et des engagement­s qui nous ont aidés à réaliser ces améliorati­ons en volume, écrit Mary Keith. Toutes les transactio­ns que nous faisons se font entre un acheteur et des vendeurs consentant­s, ce qui assure un marché libre et concurrent­iel.» En réalité, la concurrenc­e est loin d’être libre et parfaite au Nouveau-Brunswick, rétorque Michel Soucy. «Il y a des grosses différence­s dans les forces de marché, car il y a très peu d’usines et beaucoup de petits producteur­s. Les acheteurs ont donc beaucoup de pouvoir.» Cette façon de procéder a réduit l’influence des vendeurs, ajoute le professeur. «Les industriel­s ne se réjouissen­t pas de l’existence des offices de commercial­isation, ça donne un pouvoir additionne­l aux propriétai­res de boisés lors de la mise en marché. Si les offices de vente n’ont pas de pouvoir réel, ça peut affaiblir la force de groupe de boisés privés.»

Newspapers in French

Newspapers from Canada