AU GRAND ÉCRAN: RIVES DU PACIFIQUE: PLUS GROS, PAS MEILLEUR
C’est connu, à Hollywood, une suite doit être plus spectaculaire que son prédécesseur. Les producteurs optent souvent pour la facilité: plus d’action, plus de scènes payantes et plus d’effets spéciaux. Mais ça ne veut pas nécessairement dire plus de qualité ou d’intelligence. Et c’est en plein ce qui se passe dans Rives du Pacifique: La révolte (en salle depuis vendredi).
Vous l'aurez deviné, La Révolte est la suite de
Pacific Rim, un acclamé - mais très rare film à grand déploiement - du réalisateur Guillermo del Toro dans lequel l'Acadien Robert Maillet tenait un petit rôle.
Lancé en 2013, Pacific Rim a réalisé des recettes planétaires de 400 millions $, soit l'équivalent d'un peu plus du double de son budget de production (190 millions $).
La franchise raconte les efforts de soldats qui, à l'aide de robots géants (les Jaegers), luttent contre des monstres (les Kaijus) venus d'un autre univers.
Les Jaegers et les Kaijus sont donc de retour, sans del Toro et la très grande majorité de la distribution - dont Maillet et l'excellent Idris Elba - et avec un budget légèrement inférieur (150 millions $).
Le résultat est un film un peu plus spectaculaire que le précédent, mais qui manque cruellement d'originalité, d'humanité et de subtilité.
LE SAVANT FOU
Dix ans après les événements de Pacific Rim (lors desquels de courageux soldats ont scellé la fosse sous-marine qui permettait aux Kaijus de voyager jusqu'à la Terre), l'humanité tente de retrouver un début de normalité.
De nouveaux Jaegers ont été construits et de nouveaux pilotes ont été formés. Leur mission consiste principalement à se tenir prêts en cas de nouvelle attaque kaijue.
Le programme Jaeger deviendra toutefois bientôt obsolète, une entreprise ayant développé une technologie permettant de piloter les robots géants à distance (à l'instar d'un drone).
La prise de contrôle de cette technologie par un savant fou aura pour conséquence de rouvrir la faille vers l'univers kaiju, mettant à nouveau l'humanité en danger.
Il en reviendra au têtu fils d'un héros de la première guerre (John Boyega) et à une adolescente douée en mécanique (la très prometteuse Cailee Spaeny) de sauver la Terre...
UN SCÉNARIO EMPRUNTÉ
Une des nouvelles modes à Hollywood est la rédaction de scénario «par comité». L'idée est louable, mais le résultat est presque toujours le même: une série de bonnes idées réunies par un fil malheureusement trop ténu.
Dans La Révolte, les quatre scénaristes ne se sont même pas donné la peine d'innover. Les 15 premières minutes - au cours desquelles on fait la connaissance du personnage interprété par Boyega - sont presque en tout point semblables à l'ouverture du septième épisode de
Star Wars - dans lequel joue Boyega. D'une étrangeté dérangeante...
Le deuxième acte (quand le savant fou prend le contrôle d'une armée de drones), lui, est un copier-coller du scénario d'Iron Man 2.
Certains éléments - les tristes origines du héros féminin et les incessantes querelles entre les deux personnages principaux masculins - sont même plagiés du volet précédent de la franchise...
Mais à quoi sert un bon scénario original quand on peut lancer une bonne bordée de poudre aux yeux des cinéphiles en leur offrant non pas un, mais QUATRE Jaegers qui combattent ensemble le plus gros Kaiju jamais vu?
IMPOSSIBLE ET STUPIDE
Je comprends que personne ne visionne La
Révolte en s'attendant à du grand cinéma. Le désir de tourner des scènes d'action à couper le souffle ne devrait pourtant pas avoir préséance sur la logique la plus élémentaire.
Par exemple, lors d'une attaque, le personnage de Boyega y va d'une manoeuvre désespérée pour sauver sa soeur, écrasant au passage de nombreux immeubles... et tuant probablement des milliers de personnes.
Aussi stupide que de voir une adolescente sans formation réparer en quelques heures quatre Jaegers - merveilles mécaniques dont la conception a demandé des années de travail aux meilleurs ingénieurs de la planète...
Ou cette scène cruciale où un Jaeger est propulsé par un réacteur de navette spatiale... soudé sur sa main. Je ne suis pas ingénieur, mais mon petit doigt me dit que les soudures auraient dû lâcher sous les milliers de tonnes du robot dès que le réacteur a été mis à feu.
À 12$ pour un billet, le public est en droit de s'attendre à un film le moindrement intelligent et visuellement spectaculaire.
Dommage que l'équipe derrière La Révolte ait été trop paresseuse pour s'attarder à autre chose que l'esthétisme...