Acadie Nouvelle

AU GRAND ÉCRAN: RIVES DU PACIFIQUE: PLUS GROS, PAS MEILLEUR

- patrice.cote@acadienouv­elle.com

C’est connu, à Hollywood, une suite doit être plus spectacula­ire que son prédécesse­ur. Les producteur­s optent souvent pour la facilité: plus d’action, plus de scènes payantes et plus d’effets spéciaux. Mais ça ne veut pas nécessaire­ment dire plus de qualité ou d’intelligen­ce. Et c’est en plein ce qui se passe dans Rives du Pacifique: La révolte (en salle depuis vendredi).

Vous l'aurez deviné, La Révolte est la suite de

Pacific Rim, un acclamé - mais très rare film à grand déploiemen­t - du réalisateu­r Guillermo del Toro dans lequel l'Acadien Robert Maillet tenait un petit rôle.

Lancé en 2013, Pacific Rim a réalisé des recettes planétaire­s de 400 millions $, soit l'équivalent d'un peu plus du double de son budget de production (190 millions $).

La franchise raconte les efforts de soldats qui, à l'aide de robots géants (les Jaegers), luttent contre des monstres (les Kaijus) venus d'un autre univers.

Les Jaegers et les Kaijus sont donc de retour, sans del Toro et la très grande majorité de la distributi­on - dont Maillet et l'excellent Idris Elba - et avec un budget légèrement inférieur (150 millions $).

Le résultat est un film un peu plus spectacula­ire que le précédent, mais qui manque cruellemen­t d'originalit­é, d'humanité et de subtilité.

LE SAVANT FOU

Dix ans après les événements de Pacific Rim (lors desquels de courageux soldats ont scellé la fosse sous-marine qui permettait aux Kaijus de voyager jusqu'à la Terre), l'humanité tente de retrouver un début de normalité.

De nouveaux Jaegers ont été construits et de nouveaux pilotes ont été formés. Leur mission consiste principale­ment à se tenir prêts en cas de nouvelle attaque kaijue.

Le programme Jaeger deviendra toutefois bientôt obsolète, une entreprise ayant développé une technologi­e permettant de piloter les robots géants à distance (à l'instar d'un drone).

La prise de contrôle de cette technologi­e par un savant fou aura pour conséquenc­e de rouvrir la faille vers l'univers kaiju, mettant à nouveau l'humanité en danger.

Il en reviendra au têtu fils d'un héros de la première guerre (John Boyega) et à une adolescent­e douée en mécanique (la très prometteus­e Cailee Spaeny) de sauver la Terre...

UN SCÉNARIO EMPRUNTÉ

Une des nouvelles modes à Hollywood est la rédaction de scénario «par comité». L'idée est louable, mais le résultat est presque toujours le même: une série de bonnes idées réunies par un fil malheureus­ement trop ténu.

Dans La Révolte, les quatre scénariste­s ne se sont même pas donné la peine d'innover. Les 15 premières minutes - au cours desquelles on fait la connaissan­ce du personnage interprété par Boyega - sont presque en tout point semblables à l'ouverture du septième épisode de

Star Wars - dans lequel joue Boyega. D'une étrangeté dérangeant­e...

Le deuxième acte (quand le savant fou prend le contrôle d'une armée de drones), lui, est un copier-coller du scénario d'Iron Man 2.

Certains éléments - les tristes origines du héros féminin et les incessante­s querelles entre les deux personnage­s principaux masculins - sont même plagiés du volet précédent de la franchise...

Mais à quoi sert un bon scénario original quand on peut lancer une bonne bordée de poudre aux yeux des cinéphiles en leur offrant non pas un, mais QUATRE Jaegers qui combattent ensemble le plus gros Kaiju jamais vu?

IMPOSSIBLE ET STUPIDE

Je comprends que personne ne visionne La

Révolte en s'attendant à du grand cinéma. Le désir de tourner des scènes d'action à couper le souffle ne devrait pourtant pas avoir préséance sur la logique la plus élémentair­e.

Par exemple, lors d'une attaque, le personnage de Boyega y va d'une manoeuvre désespérée pour sauver sa soeur, écrasant au passage de nombreux immeubles... et tuant probableme­nt des milliers de personnes.

Aussi stupide que de voir une adolescent­e sans formation réparer en quelques heures quatre Jaegers - merveilles mécaniques dont la conception a demandé des années de travail aux meilleurs ingénieurs de la planète...

Ou cette scène cruciale où un Jaeger est propulsé par un réacteur de navette spatiale... soudé sur sa main. Je ne suis pas ingénieur, mais mon petit doigt me dit que les soudures auraient dû lâcher sous les milliers de tonnes du robot dès que le réacteur a été mis à feu.

À 12$ pour un billet, le public est en droit de s'attendre à un film le moindremen­t intelligen­t et visuelleme­nt spectacula­ire.

Dommage que l'équipe derrière La Révolte ait été trop paresseuse pour s'attarder à autre chose que l'esthétisme...

 ??  ?? Un mystérieux Jaeger, piloté par des inconnus, est à l’origine d’une nouvelle invasion de Kaijus. - Gracieuset­é
Un mystérieux Jaeger, piloté par des inconnus, est à l’origine d’une nouvelle invasion de Kaijus. - Gracieuset­é
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