Réadaptation cardiaque: la moitié des patients exclus
Le programme de réadaptation cardiaque de Moncton est victime de son succès. Pour faire face à la forte demande, Vitalité réservera désormais les services aux patients les plus à risque. Simon Delattre
Depuis 1984, le programme Coeur en santé aide les patients souffrant de maladies du coeur à se remettre sur pied et à prévenir les risques de rechute. L’équipe multidisciplinaire installée au CEPS de l’Université de Moncton propose notamment des consultations, des séances d’exercices personnalisées et des conseils sur l’alimentation et les habitudes de vie saines.
Tous les patients peuvent recevoir gratuitement ces services pendant 12 semaines. Jusqu’à présent, l’équipe de Moncton donnait la possibilité à ceux qui le souhaitaient de payer un abonnement pour poursuivre les séances par la suite.
Mais aujourd’hui, le centre de réadaptation déborde. Alors que la clientèle ne cesse de s’élargir, l’équipe est confrontée à un manque d’espace, reconnaît Johanne Roy, vice-présidente aux Services cliniques pour le réseau de santé Vitalité.
«Avec le vieillissement de la population et le fait que la clientèle est plus intéressée à changer ses habitudes de vie, nos installations étaient trop remplies pour accueillir de nouveaux patients. On a décidé de recentrer nos énergies sur les clients les plus instables, pour lesquels le programme a été créé originalement.»
Environ la moitié des 370 patients seront donc poussés vers la sortie. Johanne Roy assure que ces personnes se verront offrir d’autres options et un accompagnement.
Les professionnels de la santé devront évaluer si les participants sont capables ou non de prendre leur santé en main et de reproduire leurs exercices de façon sécuritaire.
«Les patients qui sont stables et autonomes ne pourront plus participer et seront congédiés du programme, confirme Monique Dufour Doiron, la coordonnatrice de Coeur en santé. Les patients à risque resteront dans le programme. Cela va nous permettre d’accueillir plus tôt les personnes qui viennent d’avoir un événement cardiaque.»
Le suivi sera toujours assuré par la même équipe, formée d’un médecin, d’une infirmière, d’une psychologue, d’une diététiste et de deux kinésiologues. Le mode d’admission ne change pas non plus. Ils continueront de servir les personnes qui ont été référées par un médecin.
Objectif: réduire les délais d’attente pour les victimes d’un incident cardiaque.
«On doit recevoir les nouveaux patients à l’intérieur de quatre semaines. Avec le nombre de patients qu’on a actuellement, on ne répondait plus à cette exigence», précise Johanne Roy.
Le programme de réadaptation cardiaque de Moncton était d’ailleurs le seul à permettre aux patients en phase de maintien de bénéficier indéfiniment d’une supervision.
Selon la vice-présidente aux Services cliniques, des discussions sont en cours avec l’Université de Moncton au sujet de l’agrandissement du centre de réadaptation pour permettre aux sortants de continuer à utiliser les installations du campus.
Elle ajoute que les changements ne seront pas mis en place avant le réaménagement des locaux.