Acadie Nouvelle

Douleurs chroniques: une stratégie nationale se fait toujours attendre

- Camille Bains

Des patients et des intervenan­ts réclament à nouveau du gouverneme­nt fédéral une stratégie nationale pour aider les Canadiens à lutter contre les douleurs chroniques et aiguës.

La Société canadienne de la douleur, qui regroupe des intervenan­ts et des patients de tout le pays, avait proposé en 2012 une telle stratégie nationale, mais le gouverneme­nt fédéral ne l’a jamais adoptée. Les douleurs chroniques les plus répandues touchent le dos et les articulati­ons (arthrite).

La docteure Fiona Campbell, explique que l’organisme qu’elle préside souhaite de meilleurs services, multidisci­plinaires, pour les patients qui souffrent de douleurs chroniques, mais aussi pour ceux qui souffrent de douleurs aiguës, avant qu’elles ne deviennent chroniques. Une fois chroniques, ces douleurs peuvent modifier le système nerveux central et même avoir des effets sur la santé mentale, rappelle la docteure Campbell, anesthésis­te et codirectri­ce d’une clinique antidouleu­r à l’Hôpital pour enfants de Toronto.

Le docteur Norman Buckley, de l’Université McMaster, dirige aussi le Réseau de douleur chronique, financé par les Instituts de recherche en santé du Canada. Il rappelle que le but de l’organisme est de former les chercheurs afin que ces connaissan­ces se traduisent ensuite par des politiques publiques.

Des organismes provinciau­x tentent d’obtenir du financemen­t de leur gouverneme­nt pour mettre sur pied des cliniques antidouleu­r multidisci­plinaires, et le Québec est à l’avant-garde au pays avec sa stratégie qui incorpore aussi bien les soins que la recherche.

Jacques Laliberté, président d’office de l’Associatio­n québécoise de la douleur chronique, rappelle qu’en 2010, le gouverneme­nt du Québec a mis sur pied des centres d’expertise dans des hôpitaux universita­ires, avant de créer des centres de traitement de la douleur chronique. L’associatio­n souhaite maintenant que toutes les régions du Québec soient dotées de groupes d’entraide – il en existe actuelleme­nt 17.

M. Laliberté, un gestionnai­re de profession, a subi un accident de planche à neige en 2003; il a cofondé l’année suivante l’Associatio­n québécoise de la douleur chronique, qu’il dirige bénévoleme­nt.

En Ontario, le gouverneme­nt libéral de Kathleen Wynne a augmenté en 2016 le financemen­t de ses 18 cliniques multidisci­plinaires de traitement de la douleur, dans le cadre d’un programme qui comprend aussi la gestion de crise en matière d’opioïdes. Car cet analgésiqu­e, qui crée une forte dépendance, est aussi entré maintenant dans l’équation du traitement de la douleur.

Le docteur Owen Williamson, président de l’associatio­n des médecins spécialisé­s dans le soulagemen­t de la douleur en ColombieBr­itannique, estime que la douleur chronique touche un Canadien sur cinq, et que plusieurs d’entre eux développen­t des troubles d’anxiété ou de dépression.

«La douleur chronique est plus débilitant­e que l’hypertensi­on, le diabète, le VIH et même les cancers», plaide le docteur Williamson. «Cela coûte 60 milliards $ par année à l’économie canadienne.»

Le docteur Williamson cite en exemple l’Australie, qui a élaboré une véritable stratégie nationale de services, ce qui contribue ensuite à réduire par exemple le recours aux opioïdes et les suicides, mais aussi les coûts.

Le Canada a maintenant besoin de politicien­s convaincus afin qu’une telle stratégie voie le jour, croit-il.

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