La science de la marijuana
Au coeur des vastes installations de Canopy Growth, près d’Ottawa, se trouve un laboratoire où des techniciens vêtus de sarraus blancs et de filets pour les cheveux s’activent, transférant des liquides vers des contenants de verre pendant que des machines ronronnent et que des graphiques en trois dimensions se matérialisent sur les écrans. Ce laboratoire est unique dans ces installations de 15 600 mètres carrés, et c’est ici que la compagnie peut procéder à des essais avec des produits qui sont illégaux ailleurs au Canada - et même à l’extérieur du laboratoire. C’est une pièce distincte à l’intérieur de cette ancienne usine Hershey’s de Smith Falls, en Ontario, où Canopy a choisi de s’installer, et c’est ici que les scientifiques développent de nouveaux produits à base de cannabis, à boire ou à manger, à l’aube des changements attendus à la loi sur la marijuana. «C’est probablement le laboratoire de marijuana le plus sophistiqué du Canada», a estimé le conseiller scientifique Ben Geiling. Différents instruments analytiques sont utilisés pour mesurer la composition des échantillons de marijuana, par exemple la teneur en ingrédients actifs comme les cannabinoïdes et les terpènes, tandis que des spectromètres de masse traquent pesticides et toxines. Au moment où le Canada s’apprête à légaliser la marijuana récréative plus tard cette année, le laboratoire de Canopy s’inscrit dans le cadre plus large du développement d’une industrie qui veut se débarrasser de son image de clandestinité et de marché noir. Canopy est devenue en 2016 la deuxième entreprise canadienne à obtenir une licence de distributeur. Cela lui permet de tester la marijuana d’autres producteurs, afin d’en déterminer la composition chimique. Le patron de la compagnie, Bruce Linton, explique que le laboratoire offre à Canopy une plus grande marge d’erreur que ses rivales. «On ne se contente pas de tester des produits. On essaie d’inventer des choses. Est-ce que ça ressemble à des installations de marijuana ou à un laboratoire sophistiqué où des détenteurs de doctorats peuvent échanger des idées?» - La Presse Canadienne