Les homardiers «optimistes, mais prudents»
À quelques semaines du lancement de la pêche au homard, les membres de l’UPM sont «optimistes, mais prudents» face à la prochaine saison.
La saison de la spéculation sur les prix, elle, bat déjà son plein dans les cercles de pêcheurs du Nouveau-Brunswick.
John Sackton, fondateur de Seafoodnews. com et analyste ayant près de 40 ans d’expérience, a animé une présentation lors du 38e Congrès annuel de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM) durant laquelle il a fait une analyse du marché.
Il a énuméré une liste de facteurs qui poussent le prix vers le haut en 2018, tout comme une série d’éléments qui le tirent vers le bas.
Selon toute vraisemblance, peu de joueurs ont une idée concrète du prix qui sera offert sur les quais de la Péninsule acadienne et de la région Chaleur, au début de mai. M. Sackton a émis sa prédiction, mais il n’a pas caché sa réticence.
«En 2016, le prix au quai augmentait de façon hebdomadaire, parce que les débarquements étaient lents et les acheteurs étaient très compétitifs. En 2017, les prix ont baissé semaine après semaine, avant de se stabiliser.»
Juste après la présentation, le président de l’UPM, Carl Allen, a affirmé que les membres de son organisme sont «optimistes, mais prudents».
«Selon ce que j’ai vu, ça va être difficile de prédire le prix. Il y a tellement de facteurs qui entrent en ligne de compte, comme le rythme des débarquements, la quantité totale des débarquements et les taux de change. Pour moi, il faut attendre et voir de quelle façon les choses vont évoluer», affirme celui qui a été réélu pour une cinquième année en tant que président de l’UPM.
La pénurie de main-d’oeuvre dans les usines de transformation des Provinces maritimes pourrait empirer une situation déjà problématique dans l’industrie du homard.
L’été dernier, quand la valeur de la viande de homard a chuté, plusieurs usines ont commencé à produire du homard cuit entier surgelé. Selon M. Sackton, il y avait «un sentiment chez les transformateurs comme quoi la Chine prendrait tout le homard cuit entier que l’on pouvait produire».
Produire du homard cuit entier permettait aux usines de faire d’une pierre deux coups. Cela répondait à une demande grandissante et nécessitait moins de travailleurs. Ils sont cependant allés trop loin. «Ils ont fini par mettre la charrue devant les boeufs. Il y avait beaucoup de compétition. Il y en avait trop. À l’automne, il y avait une surabondance sur les marchés. Les prix sur les quais étaient considérablement plus bas qu’au printemps.»
Avec la surabondance de homard cuit entier et la valeur de la chair de homard qui semble se stabiliser en 2018, il y aurait un désir de la part des usines à produire plus de viande et de queues. La pénurie de maind’oeuvre leur met toutefois des bâtons dans les roues.
«Avec les grands débarquements et la pénurie de main-d’oeuvre, certaines compagnies n’ont pas le choix de produire le homard cuit entier. Les plus gros joueurs au Nouveau-Brunswick peuvent un peu mieux réagir. Mais il y en a d’autres qui n’ont pas le choix, parce qu’ils ne peuvent pas trouver de travailleurs.»
La pêche au homard sera lancée dans la zone 23, qui s’étend de Pointe-Sapin à Dalhousie, en début mai.
«Mon est qu’en 2018, nous allons nous retrouver dans le milieu de ce que nous avons vu en 2016 et en 2017.»