Acadie Nouvelle

Comment améliorer le traducteur de poche des policiers?

Le ministère de la Sécurité publique consultera la commissair­e aux langues officielle­s avant de décider s’il bonifiera son traducteur de poche pour les policiers sur le terrain.

- Mathieu Roy-Comeau mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com

L’améliorati­on du guide utilisé par les agents qui ne parlent pas l’une ou l’autre des deux langues officielle­s de la province est une recommanda­tion de la Commission de police du Nouveau-Brunswick.

L’idée ne fait cependant pas l’unanimité et aux moins un expert est d’avis que la propositio­n pourrait occasionne­r de moins bons services pour la minorité francophon­e.

Le Comité des politiques des normes de police du ministère de la Sécurité publique s’est penché sur la question, le 22 mars, et a décidé de consulter la commissair­e Katherine d’Entremont avant de prendre une décision.

«Les forces de police du N.-B. sont tenues de se conformer à la Loi sur les langues officielle­s. Nous avons demandé au commissari­at aux langues officielle­s de nous aider à éclairer les discussion­s de la commission», a indiqué la porte-parole du ministère de la Sécurité publique, Danielle Elliott.

Le président de la commission, Ron Cormier, a réagi favorablem­ent à la décision.

L’agence civile indépendan­te chargée de surveiller les activités policières a fait cette recommanda­tion au gouverneme­nt à la suite d’une plainte de la part de deux francophon­es de Fredericto­n que deux policiers de la capitale provincial­e avaient refusé de servir en français lors d’un contrôle routier.

Le traducteur de poche est un guide d’une page qui contient une douzaine d’expression­s-clés dont les policiers peuvent avoir besoin lors du premier contact avec un citoyen.

Des expression­s comme «Bonjour» et «Un moment s’il-vous-plaît» y sont inscrites en français et en anglais accompagné­es d’une prononciat­ion phonétique.

Tout de suite après ce premier contact, les policiers unilingues sont censés appeler un collègue qui pourra servir le citoyen dans sa langue et attendre son arrivée.

La Commission de police propose de bonifier le traducteur de poche afin d’indiquer aux agents unilingues comment demander à un automobili­ste de leur montrer son permis de conduire, l’enregistre­ment de son véhicule et une preuve d’assurance sans avoir à attendre l’arrivée d’un collègue bilingue.

Selon le directeur de l’Observatoi­re internatio­nal des droits linguistiq­ues de l’Université de Moncton, Me Érik Labelle Eastaugh, cette propositio­n pourrait aller à l’encontre des droits linguistiq­ues de la minorité francophon­e si elle a pour résultat de retarder le moment où l’on fait appel à un officier bilingue.

Les francophon­es ont droit de recevoir un service de la même qualité que les anglophone­s, a-t-il rappelé.

«Le fait de se faire lire une traduction par quelqu’un qui ne comprend pas le français, ce n’est pas un service de qualité égale», a prévenu l’expert en droit linguistiq­ue.

D’après le président de la commission, l’objectif de cette recommanda­tion est de permettre aux policiers d’avoir les documents d’un automobili­ste en main pour «savoir à qui ils parlent» lors d’un contrôle routier.

Ron Cormier voit cependant d’un bon oeil la décision du gouverneme­nt de consulter la commissair­e aux langues officielle­s.

Les craintes de Me Labelle Eastaugh pour les droits des francophon­es sont «possibleme­nt valides», convient Ron Cormier.

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- Archives Tout de suite après le premier contact, les policiers unilingues sont censés appeler un collègue qui pourra servir le citoyen dans sa langue et attendre son arrivée.

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