Acadie Nouvelle

Les immigrants francophon­es souvent victimes de discrimina­tion sur le marché du travail

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Les immigrants francophon­es auraient du mal à s’intégrer sur le marché du travail au Nouveau-Brunswick, y compris dans les secteurs gérés par des Acadiens. Une partie d’entre eux souffrirai­ent de discrimina­tion.

Face à la chute démographi­que des francophon­es au Nouveau-Brunswick, due au départ des jeunes travailleu­rs vers d’autres provinces et au déficit de natalité, une des solutions envisagées est de recourir à l’immigratio­n.

Une solution alléchante, mais dont les résultats semblent quelque peu en deçà des espoirs du gouverneme­nt. En effet, les immigrants francophon­es, qu’ils viennent de France, de Belgique, du Maroc, du Congo ou encore d’Haïti, semblent avoir de la difficulté à s’intégrer sur le marché du travail.

C’est le résultat de l’étude financée par l’organisme fédéral Immigratio­n, réfugiés et citoyennet­é, et conduite par le professeur agrégé en sociologie à l’Université de Moncton, Leyla Sall. Celui-ci s’est intéressé aux possibilit­és d’emplois et aux obstacles économique­s pour les immigrants francophon­es dans les provinces atlantique­s.

Au travers de sa recherche, Leyla Sall a relevé un paradoxe: si le Nouveau-Brunswick souhaite effectivem­ent attirer plus d’immigrants, la province n’entreprend aucune mesure pour faciliter l’intégratio­n économique des nouveaux venus.

Les immigrants francophon­es sont souvent confrontés à une série d’obstacles. En première ligne, selon Leyla Sall: la prédominan­ce de l’anglais sur le marché du travail, malgré la promesse faite aux nouveaux venus de pouvoir vivre et de travailler en français.Une publicité mensongère qui empêche les personnes ne parlant pas l’anglais de trouver un emploi.

Il est souvent très difficile pour les étrangers de faire reconnaîtr­e leurs diplômes une fois arrivés au Nouveau-Brunswick.

Au vu de ces obstacles, un grand nombre d’immigrés francophon­es sont embauchés dans ce que M. Sall appelle des «niches d’emploi structurel­les»: des emplois qui attirent peu de Canadiens et qui manquent de maind’oeuvre. Parmi ceux-ci, on compte par exemple les centres d’appel ou les foyers de soins.

D’autres secteurs ont au contraire compris l’avantage de favoriser la diversité au sein de leurs équipes et embauchent des immigrés. C’est notamment le cas des milieux de la banque ou de l’assurance.

Cependant, il n’existe aucune politique provincial­e qui garantisse ou facilite l’intégratio­n économique des immigrants francophon­es. Le choix d’embaucher ou non des immigrés relève uniquement de la décision de l’entreprise, ce que déplore le professeur.

Si la communauté acadienne compte en partie sur l’immigratio­n pour maintenir la population francophon­e dans la province, elle semble peiner à faire une place aux nouveaux venus.

Le professeur de sociologie Leyla Sall a en effet noté que les secteurs contrôlés par la minorité acadienne sont ceux où l’intégratio­n économique est la plus difficile pour les immigrants, y compris francophon­es.

«Il y a un paradoxe. Les Acadiens sont minoritair­es, mais voudraient quand même accueillir d’autres minorités. Or, quand on est minoritair­e, il y a une sorte de mécanisme de défense, pour protéger les acquis», explique le professeur.

Par ailleurs, la réalité de l’immigratio­n pour les francophon­es n’est pas la même selon le pays d’origine. Certaines personnes ont plus tendance à être discriminé­es que d’autres. C’est notamment le cas pour les réfugiés congolais qui, en plus des obstacles déjà évoqués, souffrent du racisme.

Ainsi, même si le milieu infirmier pâtit du manque de personnel, il est très difficile pour les immigrés francophon­es en provenance de pays d’Afrique de s’y faire une place, du fait du racisme quotidien qu’ils subissent.

«La soeur d’une Congolaise que j’ai rencontrée était inscrite en sciences infirmière­s. C’était une excellente étudiante, mais à cause des discrimina­tions, elle a quitté le programme», commente le professeur de sociologie.

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