L’INDUSTRIE FORESTIÈRE SE PORTE BIEN
Selon son plus récent bilan de santé, l’industrie forestière se porte plutôt bien au Nouveau-Brunswick et son empreinte sur l’économie provinciale est toujours aussi imposante.
C’est ce qui ressort d’un rapport commandé par Forêt NB, organisme qui regroupe les principaux joueurs de l’industrie dans la province. Dévoilées à ses membres lors de son assemblée générale annuelle, les nouvelles contenues dans ce document sont plutôt encourageantes.
«On s’en va dans la bonne direction. Les données confirment que nous sommes toujours un joueur capital dans l’économie de la province, autant en terme d’emplois créés que de revenus générés. C’est donc de bonnes nouvelles», exprime Mike Légère, directeur général de Forêt NB. En somme, ce rapport trace un aperçu global de l’industrie et de son impact sur l’économie provinciale sur une période de plus ou moins dix ans, soit de 2005-2006 à 2016.
Pour y arriver, plus d’une centaine de données ont été analysées. Parmi les objectifs de l’exercice, la situation de l’industrie a été comparée avant et après la crise forestière de 2008-2009. Ce qu’on y apprend en gros? Notamment qu’on retrouve plus de 600 entreprises reliées à la foresterie dans la province et que celles-ci emploient directement près de 10 000 personnes, en plus de contribuer à quelque 14 000 emplois indirects.
Dans les faits, un emploi sur 14 au Nouveau-Brunswick serait lié de près ou de loin à l’industrie forestière. En terme économique, cela représenterait en gros 1,2 milliard $ en salaire.
On y apprend aussi que la foresterie a regagné des plumes depuis le creux de 2008-2009, bien que les chiffres ne soient jamais revenus complètement à ce qu’ils étaient avant le début de la crise.
«Si l’on regarde les autres provinces autour de nous et même l’État du Maine, on s’aperçoit en comparant les chiffres que c’est vraiment le Nouveau-Brunswick qui est ressorti le plus fort et le plus rapidement de la crise. La remontée ne s’est par fait du jour au lendemain, mais elle a été graduelle et constante», précise par contre M. Légère.
DÉPENDANCE AMÉRICAINE…
Le rapport démontre aussi que les exportations de l’industrie forestière représentent 15% du total des exportations de la province. En 2016, elles représentaient 1,7 milliard $, soit un peu moins qu’il y a dix ans où elles dépassaient les 2 milliards $.
On remarque que malgré les efforts de diversification des marchés (l’industrie exporte dans 60 pays), c’est toujours celui des États-Unis qui demeure prépondérant (78%). Selon M. Légère, le NouveauBrunswick a une longue et grande histoire d’échanges commerciaux avec les ÉtatsUnis. Il est donc normal qu’ils soient nos partenaires principaux.
«On a commencé depuis quelques années à regarder de plus près d’autres débouchés pour nos produits afin, justement, de ne plus être autant à la merci de nos voisins. Et les résultats sont positifs. On a des marchés comme l’Inde et la Chine qui sont très prometteurs où nous avons fait de belles percées», indique-t-il.
…ET RÉGIONS DÉPENDANTES
C’est également sans grande surprise que l’on apprend que c’est dans le nord de la province où les impacts économiques et l’employabilité de l’industrie forestière se font le plus sentir.
Dans le comté de Restigouche par exemple, un emploi sur trois est touché par cette industrie, alors que c’est près d’un sur cinq au Madawaska.
Plus au sud, la région de Saint-Jean dépend beaucoup elle aussi de cette industrie.
«C’est une donnée très intéressante, car elle démontre concrètement à quel point l’industrie forestière a un impact énorme sur les communautés. On entend souvent beaucoup de commentaires négatifs par rapport à notre industrie, mais on a ici la preuve qu’elle est le pilier de nombreuses communautés à travers la province, et particulièrement dans le Nord. Quand on regarde tout l’apport économique au niveau provincial et à quel point l’industrie contribue à payer pour les secteurs de la santé, de l’éducation, etc., on est forcé de constater son importance. On a tendance à oublier tout ça, tant chez la population qu’au gouvernement», exprime M. Légère.
UN EXERCICE À REFAIRE
La dernière fois que l’industrie avait brossé un tel portrait de ses activités et de ses impacts remonte à 2014 et les données de l’époque dataient alors de 2012.
Selon M. Légère, ce type d’exercice a beaucoup de mérite et devrait être effectué avec plus de constance. En fait, le but à ce moment-ci est de produire un document similaire dans trois ans.
UNE INDUSTRIE EN SANTÉ MALGRÉ DES TEMPS INCERTAINS
Les données les plus récentes incluses dans le rapport datent de 2016. Beaucoup d’événements se sont passés depuis, dont
l’accession au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis (principal partenaire commercial) et sa volonté de faire la vie dure à l’industrie forestière canadienne (notamment par l’entremise de l’imposition de droits compensatoires). L’industrie s’estelle fragilisée depuis deux ans?
Selon M. Légère, la vigueur du secteur de la construction aux États-Unis et la faiblesse du dollar canadien par rapport à la devise américaine sont deux facteurs importants qui jouent en faveur de l’industrie forestière néo-brunswickoise.
«L’industrie du bois de sciage est encore en très bonne santé. C’est certain que les industriels ne peuvent refiler toute la facture liée aux droits compensatoires, car ils doivent en assumer une partie dans leur marge de profit. Malgré cela, on réussit pour l’instant à bien s’en tirer. À preuve, on ne parle pas de baisse de production, de vagues de mise à pied, ni de fermeture d’usines», précise le directeur général de Forêt NB, Mike Légère.
Selon ce dernier, les membres de l’industrie sont par ailleurs relativement optimistes de voir la province en arriver à une entente négociée avec son grand voisin du Sud.
«Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces droits compensatoires imposés au Canada nuisent aussi beaucoup à l’industrie et à l’économie de certains États, dont le Maine, un des plus grands partenaires du Nouveau-Brunswick. Et là-bas, ils ne sont vraiment pas contents de la décision de Washington dans ce dossier et ils le laissent savoir», ajoute M. Légère.