INFIRMIÈRES ET CONFIDENTES
Elles sont 80 environ, réparties dans les 11 hôpitaux du Nouveau-Brunswick. Quatre-vingts infirmières de profession qui en plus de leur métier se rendent disponibles, par un système de gardes, pour venir en aide aux victimes d’agressions sexuelles, de violences conjugales et d’autres abus. Elles réalisent également les prélèvements médico-légaux utilisés dans le cadre des procédures judiciaires. Rencontre avec les infirmières SANE.
SANE, pour Sexual Assault Nurse Examiner. Le programme a vu le jour aux ÉtatsUnis, il est aujourd’hui mondial et implanté au Nouveau-Brunswick depuis 2004.
Depuis juin 2017, toutes les régions de la province sont couvertes. L’équipe de Campbellton est la dernière à avoir été créée.
Pour consulter ces infirmières, rien de plus simple.
«Il suffit de se présenter à l’urgence d’un hôpital et au triage, de demander à voir l’infirmière SANE de permanence. La personne n’a même pas besoin d’expliquer pourquoi elle veut la voir. Elle sera reçue automatiquement», explique Roxanne Paquette, coordonnatrice provinciale du programme.
Quand on parle de victimes d’agressions sexuelles et de violences conjugales, on pense en premier lieu aux femmes. À tort! Dans la confidentialité d’une salle d’hôpital, les infirmières SANE auscultent des gens de tous âges et de tous types.
«Il y a des hommes aussi, des personnes âgées et parfois des enfants», détaille la responsable.
La consultation commence par un entretien. La personne raconte son histoire, pourquoi elle est là. À elle ensuite de décider si elle autorise les prélèvements médico-légaux et lesquels. Ceux-ci se font à plusieurs endroits: dans la bouche, sur la peau, sous les ongles, au niveau des organes génitaux, etc.
Avec la méticulosité nécessaire, la professionnelle de santé récolte les échantillons, les répertorie et les insère dans des enveloppes séparées, chacune scellée et numérotée. Le tout est enfin remis à un agent de police qui l’acheminera vers un laboratoire judiciaire.
Les prélèvements deviennent des preuves qui recèlent peut-être l’ADN de l’agresseur. Ils permettront alors de le confondre. Mais la mission de l’infirmière SANE ne se limite pas à ces tâches légales.
«On est là avant tout pour écouter la personne. Notre priorité, c’est son bien-être. On ne l’oblige en rien, c’est elle qui décide. C’est une manière de lui redonner le pouvoir et de l’estime pour elle-même», insiste Roxanne Paquette.
Une telle consultation prend du temps, au minimum six heures. En plus des prélèvements, l’infirmière peut pratiquer une prise de sang en vue de dépister une maladie sexuellement transmissible ou un début de grossesse et, en collaboration avec un médecin, prescrire les traitements adéquats.
«Notre rôle est aussi d’orienter la personne vers les services d’aide et d’accompagnement dont elle a besoin, de lui fournir toute l’information qui pourrait l’aider.»
Chaque année, le programme prouve son utilité. Par exemple, dans la région Chaleur-Péninsule acadienne, le nombre de consultations est en hausse.
Pour la période 2016/2017, elles s’élevaient à 12; pour la période 2017/2018 qui vient de s’achever, elles ont dépassé la quarantaine.