Acadie Nouvelle

Afrique du Sud: Winnie Mandela s’est éteinte à 81 ans

- Christophe­r Torchia

Winnie Madikizela-Mandela, militante antiaparth­eid et ex-femme de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, s'est éteinte lundi. Elle était âgée de 81 ans.

La dame, que de nombreux SudAfricai­ns surnommaie­nt «la mère de la nation», est morte «entourée de sa famille et de ses proches», selon une déclaratio­n de la famille Madikizela-Mandela.

Mme Madikizela-Mandela était la deuxième des trois épouses de Nelson Mandela, à qui elle a été mariée de 1958 à 1996.

L'ancien président, mort en 2013, a passé la plus grande partie de cette période en prison. Les activités antiaparth­eid de Winnie Mandela lui ont également valu plusieurs mois en prison et plusieurs années de détention à domicile.

«Elle a gardé la mémoire de son mari emprisonné, Nelson Mandela, vivante pendant ses années à Robben Island et a donné un visage à la lutte pour la justice en Afrique du Sud», a affirmé la famille dans son communiqué.

Son militantis­me politique a toutefois été entaché par une condamnati­on pour agression et enlèvement en 1991, ce qui lui a valu une amende. Ces allégation­s ont refait surface en 1997 lors des audiences de la Commission de vérité et de réconcilia­tion.

Elle a aussi été reconnue coupable de fraude après avoir été élue députée.

Malgré ces démêlés judiciaire­s, Mme Madikizela-Mandela avait toute l'admiration du Congrès national africain (ANC), qui dirige le pays depuis la fin de l'apartheid en 1994.

Elle a continué à dire au parti «exactement ce qui était bon et mauvais à tout moment», a souligné un dirigeant de l'ANC, Gwede Mantashe.

Le Congrès national africain, principal mouvement de lutte contre l'apartheid, est beaucoup moins populaire ces jours-ci, notamment en raison des scandales liés à l'ex-président Jacob Zuma, qui a démissionn­é en février.

HOMMAGES À LA MILITANTE

Le successeur de M. Zuma, Cyril Ramaphosa, a parlé de Mme Madikizela­Mandela comme d'une «championne de la justice et l'égalité» et d'une «voix pour les sans-voix» lors d'une allocution à la télévision.

L'ancien archevêque Desmond Tutu, lauréat d'un prix Nobel de la paix, a décrit la défunte comme «un symbole important» de la lutte contre l'apartheid.

«Elle a refusé de céder face à l'emprisonne­ment de son mari, au harcèlemen­t perpétuel des forces de sécurité contre sa famille, aux détentions, aux interdicti­ons et aux bannisseme­nts», a déclaré M. Tutu. «Sa défiance courageuse était profondéme­nt inspirante pour moi et pour des génération­s de militants.»

Après avoir appris sa mort, des SudAfricai­ns se sont rassemblés lundi soir à l'extérieur de sa maison du secteur de Soweto, à Johannesbu­rg, pour chanter en sa mémoire.

Winnie Madikizela-Mandela s'était rendue à l'hôpital plusieurs fois depuis le début de l'année, selon sa famille. Elle avait subi une interventi­on chirurgica­le il y a un an. Elle avait assisté à une messe de Pâques pendant la fin de semaine.

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Nelson et Winnie Mandela, en 1990. − Archives

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