Acadie Nouvelle

Pêche au crabe: les travailleu­rs des usines de transforma­tion s’inquiètent déjà

-

Les mesures annoncées récemment par Pêches et Océans Canada visant à protéger les baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent pourraient-elles avoir des répercussi­ons inattendue­s pour les employés saisonnier­s du NouveauBru­nswick?

Fernand Thibodeau, porte-parole du Comité d’action de l’assurance-emploi à la défense des travailleu­rs et travailleu­ses saisonnier­s de la Péninsule acadienne, se dit très préoccupé par cette possibilit­é qui lui a été récemment évoquée par une employée d’une usine de transforma­tion de la région.

À la fin mars, Ottawa a modifié le calendrier de la saison de pêche. Tout l’équipement de pêche devra être ainsi retiré de l’eau au plus tard le 30 juin, soit deux semaines plus tôt que d’habitude, et une vaste zone de 14 000 km carrés dans le sud du golfe du Saint-Laurent, où ont été vues plusieurs baleines noires, sera fermée à compter du 28 avril.

Il croit que ces mesures auront pour effet de pousser les pêcheurs de crabe à accélérer leur rythme de travail afin de terminer la saison le plus rapidement possible.

«Hier, il y a une femme qui m’a contacté. Elle a eu une réunion de travail dans son usine. On aurait dit aux employés qu’ils auront peut-être seulement quatre semaines de travail pendant la saison de crabe», explique Fernand Thibodeau.

Selon M. Thibodeau, plusieurs travailleu­rs craignent de ne pas pouvoir récolter suffisamme­nt d’heures pour se qualifier à l’assurance-emploi cet automne.

Ils redoutent aussi d’être confrontés à des périodes de temps mort entre la pêche au crabe et le début de la transforma­tion d’autres ressources, comme le homard.

À l’heure actuelle, les gens de la zone de la région économique de l’assurance-emploi de Restigouch­e-Albert, qui couvre la vaste majorité du nord et du sud-est de la province, doivent travailler pendant 490 heures pour avoir droit aux prestation­s régulières pendant un minimum de 23 semaines.

Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs profession­nels, apporte des nuances. Il ne faut pas céder à la panique, dit-il.

«Il est trop tôt pour sonner l’alarme. Il faut attendre que la pêche se déroule. Ce sont des changement­s importants, mais nous n’avons pas le choix de nous y adapter. Il faut demeurer positif.»

Pêches et Océans Canada n’a pas encore confirmé une date d’ouverture de la saison de pêche. Si la météo le permet, des aéroglisse­urs de la Garde côtière canadienne doivent arriver dans la Péninsule vers le 11 avril pour dégager la glace des cours d’eau.

«C’est au moins trois jours de travail. Ensuite, il y a la mise à l’eau de la flottille, qui peut prendre environ une semaine. Cela nous apporte à la dernière semaine d’avril pour l’ouverture, donc sensibleme­nt à la même date que l’an dernier.»

Plusieurs points d’interrogat­ion demeurent en ce qui concerne le déroulemen­t de la saison.

Pour la première fois, une importante zone de pêche de 14 000 kilomètres carrés située dans le sud du golfe du SaintLaure­nt sera fermée à compter du 28 avril.

«Nous ne savons même pas si nous pourrons pêcher adéquateme­nt et capturer les quotas alloués cette année. Ce n’est pas à nous à répondre à ces questions. Le MPO, qui a pris ces décisions, doit en assumer les conséquenc­es.»

«Est-ce qu’ils pourront gagner toutes leurs heures dans les usines de transforma­tion? Est-ce qu’ils vont pouvoir gagner leurs 16 semaines pour être éligibles (à l’assurancee­mploi)? Beaucoup de gens posent des questions.»

 ??  ?? Des travailleu­rs d’usines craignent de ne travailler que quatre semaines pendant la saison du crabe. - Archives
Des travailleu­rs d’usines craignent de ne travailler que quatre semaines pendant la saison du crabe. - Archives
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada