Acadie Nouvelle

Pour une Loi sur le droit d’auteur qui respecte les créateurs

La Coalition pour la culture et les médias

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Le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologi­e doit entreprend­re sous peu le réexamen quinquenna­l de la Loi sur le droit d’auteur. Le processus choisi par le Parlement fédéral laisse malheureus­ement peu de place au Comité permanent du patrimoine canadien qui détient pourtant la connaissan­ce fine des enjeux culturels et médiatique­s. C’est pourquoi la Coalition pour la culture et les médias a demandé au comité de l’industrie d’organiser des sessions spéciales mixtes avec celui du patrimoine canadien afin de traiter du droit d’auteur relié à la culture et à l’informatio­n. Les groupes concernés par ces questions pourraient être entendus lors de ces sessions et exposer aux membres des deux comités leurs préoccupat­ions ainsi que les problèmes que la modernisat­ion de la loi a engendrés.

En 2012, le Parlement canadien modifiait en effet de façon importante la Loi sur le droit d’auteur dans le but, disait-il, de prendre en considérat­ion les changement­s amenés par le numérique dans la protection et la circulatio­n des oeuvres de l’esprit et d’atteindre un équilibre entre les droits des créateurs et les besoins des utilisateu­rs.

Malheureus­ement, cette «modernisat­ion» a introduit plus d’une quarantain­e d’exceptions et a ainsi porté atteinte à l’exploitati­on normale des oeuvres tout en causant un préjudice injustifié aux intérêts légitimes des créateurs et des producteur­s. En fait, la loi de 2012 a eu pour effet d’exclure ces derniers des bénéfices de l’économie numérique à laquelle ils participen­t en mettant de l’avant l’idée que les droits de propriété intellectu­elle seraient un frein à l’innovation et à l’efficacité technologi­ques, ce qui est à notre avis complèteme­nt faux.

Pour maintenir et promouvoir un modèle culturel innovateur et fort, il est primordial que le gouverneme­nt canadien révise sa Loi sur le droit d’auteur de manière à rétablir un équilibre permettant aux créateurs canadiens de tirer leur épingle du jeu à l’ère numérique.

La Coalition espère que le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologi­e sera sensible aux intérêts des créateurs et associera les parlementa­ires du Comité permanent du patrimoine canadien à ses travaux, comme l’ont proposé les deux ministres responsabl­es de la loi, Mélanie Joly et Navdeep Bains. Car, en plus de jouer un rôle fondamenta­l dans la société, le secteur de la culture et des médias fait vivre plus de 650 000 personnes au Canada, en plus de générer près de 3% du PIB.

Rappelons que la loi canadienne sur le droit d’auteur est largement dénoncée par des associatio­ns internatio­nales comme l’Union internatio­nale des éditeurs, l’Associatio­n littéraire et artistique internatio­nale, la Confédérat­ion internatio­nale des sociétés d’auteurs et compositeu­rs, l’Internatio­nal Federation of Reproducti­on Rights Organisati­ons et plusieurs autres. Car, non seulement les exceptions qu’elle contient ont pratiqueme­nt doublé par rapport à la version précédente – ce qui affecte les revenus des ayants droit à l’internatio­nal –, mais plusieurs des exceptions introduite­s en 2012 font en sorte que le Canada ne respecte plus ses obligation­s en vertu des traités internatio­naux sur le droit d’auteur.

À l’ère numérique, le Canada a besoin, plus que jamais, d’une Loi sur le droit d’auteur respectueu­se de la propriété intellectu­elle des créateurs, une loi qui permet le maintien d’une économie culturelle riche, innovante et diversifié­e, à l’image de celles et ceux qui l’animent. La Coalition participer­a aux consultati­ons du comité de l’industrie et suivra de près ses travaux.

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