POUR L’AMOUR DU FRANÇAIS
La langue française a ses fervents défenseurs au Nouveau-Brunswick. Elle a aussi ses amoureux. Rencontre avec des passionnés des bons mots qui nous expliquent pourquoi il est nécessaire de bien parler.
Les fautes de français, tant à l’écrit qu’à l’oral, ne sont pas les bienvenues à l’Université de Moncton, tous campus confondus. Pour les chasser, le Conseil de la langue française de l’établissement veille.
«Nous sommes responsables de la politique linguistique de l’université. À ce titre, nous sommes la police de la langue, avec pour mission de promouvoir une utilisation efficace du français», présente le président du conseil.
En plus de cette fonction, Gervais Mbarga est, depuis 2009, professeur au sein du Programme d’information-communication. Un domaine où les qualités d’expression sont primordiales. À chaque début de cycle, il constate les lacunes de ses étudiants.
«Quand les jeunes arrivent en première année, ils ont de la misère. Le niveau n’est pas le même que celui qu’ils ont connu.»
S’ils ont, d’après ses dires, «un vocabulaire riche», ils font des erreurs de syntaxe.
«Leurs anglicismes ne sont pas dans les mots qu’ils utilisent, mais dans la tournure de leurs phrases. Et puis, ils ont des problèmes avec les règles d’accord singulier-pluriel. Certains disent ‘‘des animals’’», déplore-t-il. Mais rien n’est perdu, bien au contraire. «Ils ont un fort potentiel. Dès qu’on a attiré leur attention sur leurs fautes, ils ne les refont plus. En fin d’année, ils ont déjà beaucoup progressé.»
L’attrait pour maîtriser sa langue maternelle n’est pas réservé aux étudiants et aux amateurs de mots croisés (les cruciverbistes). Parfois, cet intérêt se manifeste très tôt. Réjean Ouellette, de Moncton, se souvient que son livre de chevet préféré, quand il était petit, était le dictionnaire.
«Dans mes premières années, nous apprenions le français à partir de l’alphabet phonétique international. Mon enseignant nous donnait comme devoir de trouver des mots contenant le son étudié. Je trouvais ça amusant.»
Réjean Ouellette est toujours avide de découvertes linguistiques. Il est aujourd’hui traducteur-réviseur.
«Je traduis de l’anglais vers le français. Ça m’oblige à me questionner en permanence et à vérifier les exactitudes.»
De quoi le conforter dans ses acquis et l’aider à débusquer, dès la première écoute, ces fautes qui lui «heurtent les oreilles» dans ses conversations quotidiennes.
Nicholas McWilliams est un futur finissant. Il est en 12e année à la polyvalente W.A. Losier, à Tracadie. Lui aussi se soucie de son élocution et de ce qu’il écrit. Élève dans la moyenne, il excelle en français. Dès son plus jeune âge, il a cultivé ses compétences grâce à ses lectures.
«J’ai commencé par lire des bandes dessinées, puis la série des Géronimo Stilton. Après, je suis passé aux livres de Jules Verne.»
Plus tard, il aimerait enseigner la chimie à l’école. C’est pourquoi il soigne son niveau de langue.
«C’est important de bien s’exprimer pour bien se faire comprendre.» Une analyse que partage Réjean Ouellette. «La langue est l’outil de communication par excellence. J’aime à dire que la langue habille l’esprit, comme les vêtements habillent le corps.»
Selon Gervais Mbarga, soigner son français est d’autant plus essentiel qu’on s’en sert plus qu’auparavant. «Avec les réseaux sociaux et les messages qu’on s’envoie via nos cellulaires, on écrit de plus en plus. Une phrase incorrecte est source de contresens et de malentendus. Quand quelqu’un s’exprime, il veut être compris. Ça facilite la cohésion sociale. La langue est comme une automobile, il faut savoir conduire pour s’en servir.»
Voilà de quoi donner envie de réviser son orthographe et sa grammaire.