La première dictée 100% acadienne
Dans sa mission de promouvoir le parler de Molière, le Conseil de la langue française de l’Université de Moncton a mis en place, le mois dernier, la première dictée 100% acadienne. «Des initiatives semblables ont déjà été proposées au Nouveau-Brunswick dans le passé, mais elles n’étaient que la copie de celles organisées par des organismes français ou québécois», souligne le président du conseil, Gervais Mbarga. Le 17 mars, l’exercice se basait sur un texte conçu par Herménégilde Chiasson, intitulé Un après-midi d’hiver. «Nous avons fait appel à lui parce que nous voulions donner un souffle acadien à notre dictée. Nous voulions qu’elle soit composée de tournures d’ici, et dans le respect des règles de grammaire, d’orthographe et de syntaxe standards.» Le traducteur-réviseur Réjean Ouellette s’y est essayé. Avec une seule faute, il a terminé premier ex aequo de la catégorie senior. S’il a trouvé l’épreuve «relativement facile», il salue l’ingéniosité déployée par M. Chiasson. «Il y avait de beaux pièges. Par exemple, dans les accords des adjectifs.» Les résultats ont été bons dans l’ensemble. «La majorité se situait entre 10 et 25 fautes. On n’a pas eu trop de mauvaises notes, renseigne Gervais Mbarga. Quelques expressions ont posé problème, comme ‘‘vague à l’âme’’. Beaucoup l’ont écrite en un seul mot.» Ce qui a le plus surpris les organisateurs, c’est l’affluence. Il était possible de faire cette dictée sur le campus de Moncton et celui de Shippagan. «Pour une première, on s’attendait à avoir près d’une cinquantaine de participants sur les deux sites. On en a eu plus de 150. À Moncton, on a été obligé de s’installer dans un amphithéâtre pour contenir tout le monde. On a aussi sollicité des professeurs à la retraite en urgence pour la correction. Sans ça, on n’aurait pas pu divulguer les résultats le jour même.» Vieillotte, la dictée? Réjean Ouellette n’est pas d’accord. «Pour moi, elle n’est pas tombée en désuétude. C’est un bon exercice qui permet de voir une foule de règles dans un contexte précis. Et quand on aime ça, c’est un petit divertissement bien venu.» Encouragé par le succès du premier rendez-vous, le Conseil de la langue française de l’Université de Moncton a décidé de répéter l’opération l’année prochaine. «On aimerait bien l’étendre aux provinces voisines, dans les Maritimes.»