Acadie Nouvelle

Des Canadiens d’origine syrienne ont des réactions mitigées aux frappes

- Morgan Lowrie

Des Canadiens d'origine syrienne ont des réactions mitigées à l'égard des récentes frappes aériennes dirigées par les ÉtatsUnis contre le gouverneme­nt syrien, certains dénonçant une agression étrangère et d'autres appelant à des actions encore plus fortes pour mettre fin au conflit ayant dévasté le pays.

Assistant à une campagne communauta­ire de financemen­t avec d'autres Canadiens d'origine syrienne, vendredi soir, la Torontoise Bayan Khatib a indiqué que la majorité des Syriens dans la pièce avaient ressenti un mélange d'optimisme et d'inquiétude­s à l'annonce des frappes aériennes.

Mme Khatib a notamment relevé la crainte que les frappes ne s'inscrivent pas dans une stratégie plus large pour mettre fin aux crimes de guerre en Syrie, mais qu'il s'agisse «simplement d'une démonstrat­ion de force qui effraiera quelque peu le régime (du président Bachar al-Assad)» sans vraiment changer la situation sur le terrain.

«Plusieurs étaient enthousias­tes à l'idée que quelque chose se passe enfin, que le régime Assad subisse certaines conséquenc­es, mais d'autres étaient passableme­nt inquiets des pertes civiles, et d'une destructio­n encore plus grande de la Syrie», a-t-elle affirmé.

Elle a déploré que bon nombre de gouverneme­nts fassent fi des atrocités commises dans son pays natal et souhaitera­it que le Canada fasse davantage preuve de leadership pour que cesse le conflit. Mme Khatib a dit ne pas être impression­née par les réactions du premier ministre Justin Trudeau, qui a exprimé son appui aux frappes alliées, tout en semblant réticente à une implicatio­n directe du Canada.

Syrienne arrivée au Canada il y a environ un an et demi, et résidant à Montréal, Muzna Dureid est aussi d'avis que les frappes de vendredi dernier n'en font pas assez pour mettre de la pression sur le régime de Bachar al-Assad. Elle a dit croire que la pression, incluant des interventi­ons militaires si nécessaire­s, devait s'accentuer pour une voie vers la négociatio­n d'une solution politique.

Mme Dureid s'est montrée moins critique du Canada, faisant valoir les efforts humanitair­es du pays.

«Il s'agit d'un gouverneme­nt qui soutient la société civile syrienne, qui travaille dans le domaine de la justice, le secours des civils et tout ça. Les Canadiens, aussi, ont fait beaucoup pour accueillir les réfugiés. On a besoin de continuer comme ça, parce que le nombre de victimes, le nombre de réfugiés en Syrie, c'est la moitié de la population, donc on a besoin de tous les efforts de tout le monde», a-t-elle fait valoir.

À Montréal, une manifestat­ion est prévue dimanche après-midi à la Place NormanBeth­une pour protester contre les frappes des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France contre des cibles syriennes. Le co-organisate­ur Waseem Ramli a affirmé en entrevue téléphoniq­ue qu'il n'y avait pas de preuve de l'usage d'armes chimiques par le gouverneme­nt syrien, et s'est dit déçu de l'appui aux frappes donné par M. Trudeau.

«Nous sommes en désaccord avec quiconque bombarde notre pays peu importe les motifs. La politique et les négociatio­ns de paix doivent prévaloir en tout temps», a-t-il soutenu.

Bien qu'il appuie le gouverneme­nt syrien de Bachar al-Assad, M. Ramli affirme qu'il changerait d'avis s'il y avait des preuves claires d'une responsabi­lité du président syrien dans l'attaque chimique.

Dans cette éventualit­é, il reviendrai­t aux Nations Unies d'intervenir, a-t-il fait valoir.

Le Mouvement québécois pour la paix organise aussi une manifestat­ion, dont le point de rassemblem­ent est le carré Philipps, au centre-ville de Montréal.

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Malgré les gestes qui lui sont reprochés, le président al-Assad obtient encore des appuis non négligeabl­es, au Canada comme en Syrie. – Associated Press: SANA

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