L’Acadie est-elle raciste?
Jean Codjo (Moncton) Enseignant, école L’Odyssée
Conscients du défi démographique que l’Acadie doit relever, d’aucun ou presque tout le monde, du moins publiquement, suggère le recours à l’immigration francophone. Tout le monde s’entend sur cette option comme étant l’une des plus viables, puisque la machine à faire des bébés, jadis très active en Acadie, semble maintenant grippée.
Cependant, de quel type d’immigrant l’Acadie a-t-elle besoin? Selon les résultats issus de recherche menée par le sociologue Leyla Sall (professeur à l’Université de Moncton), il semble qu’au-delà des discours tape-à-l’oeil par rapport à l’immigration, l’Acadie serait plutôt un Eldorado pour les immigrants qui n’aspirent qu’aux emplois non convoités par les Acadiens, fort probablement par ceux considérés comme des pures laines.
L’article de Marie Toulgoat relatif à la situation d’étudiants noirs osant s’inscrire en science infirmière à l’UdeM, paru le 18 avril 2018, semble donner raison au sociologue Leyla Sall. Est-ce pourtant une raison suffisante pour y voir un acte sournois de racisme? Probablement non, mais on peut tout au moins y voir un acte d’incongruence entre le discours et l’action. Je souhaite que la malheureuse situation décrite par la journaliste reste l’un des cas isolés et qu’on ne donne pas davantage d’occasions aux lésés souvent silencieux de commencer par crier au loup. Je nous prie de faire preuve de transparence, de bien articuler nos besoins et de les vulgariser. Si l’Acadie souhaite faire de certains emplois une chasse gardée des Acadiens de pure laine, qu’elle le verbalise sans ménagement. L’immigrant, visible de surcroît, saura au moins à quel saint se vouer.