DES PROCHES DES ÉLUS MENACÉS À TRACADIE
Des proches des élus du conseil municipal de Tracadie prennent la parole pour dénoncer un climat hostile qui bouleverse la municipalité.
Un fossé s’est creusé au cours des derniers mois entre deux clans qui siègent au conseil municipal de Tracadie. Le premier groupe comprend sept conseillers qui s’opposent à l’occasion à la vision du maire Denis Losier. Le deuxième a tendance à appuyer le maire.
Les débats n’ont pas seulement lieu autour de la table du conseil ou dans les cafés. Ils se poursuivent sur Facebook et de façon générale, les citoyens ne sont pas toujours tendres envers leurs élus, particulièrement, le groupe de sept conseillers.
La situation commence à être lourde à supporter pour les proches de ces élus, dit Karen Brideau-Haché, soeur de la conseillère Ginette Brideau-Kervin. Plusieurs d’entre eux font partie d’un groupe de soutien privé sur internet. Ils prennent la parole publiquement pour sensibiliser la population à l’impact de leurs paroles.
«Il faut en parler. Il faut que ça cesse. Les membres du conseil ne méritent pas ce châtiment.»
Selon elle, les débats en ligne ne visent plus seulement des affaires municipales. Des gens s’en prennent personnellement aux conseillers.
«Serpents venimeux», «Gang de corrompus», «Ils veulent juste en mettre dans leurs poches et leurs sacoches» figurent parmi les commentaires répertoriés dans des fils de discussions sur Facebook.
«Il y a eu de la diffamation, des insultes, des injures. C’est incroyable les commentaires qu’on peut lire. Ç’a un effet sur nous aussi. Ça nous stresse. Cette intimidation n’a plus de bon sens.»
D’ailleurs, Karen Brideau-Haché a également reçu des messages privés visant sa soeur, Ginette Brideau-Kervin.
«J’ai eu des messages en privé pour dénigrer ma soeur.»
Les désaccords commencent aussi à se faire ressentir dans la population, ajoute-t-elle.
«C’est beaucoup plus divisé qu’auparavant. Ginette était conseillère sous l’ancien maire Aldéoda Losier. Je n’entendais pas parler des réunions. Il y avait souvent des désaccords et des points à régler, mais ça s’est toujours fait dans le respect.»
Karen Brideau-Haché est loin d’être la seule à avoir reçu des messages menaçants.
Un jour, Geneviève McGraw, fille du conseiller Jean-Yves McGraw, a reçu un message préoccupant d’un pur inconnu.
«Ç’a été beaucoup trop loin pour ce que c’est réellement. Ce ne sont pas des choses qu’on a à subir. La personne a dit que mon père est mieux de faire attention à ce qu’il dit aux prochaines réunions: on sait qui vous êtes, on sait qui sont vos enfants.»
Puisque la personne a offert ses excuses par la suite, Geneviève McGraw n’a pas contacté la GRC. Elle conserve cependant les messages au cas où ça déborde de nouveau.
«Ç’a été des paroles dans l’air, mais ce sont des paroles qui blessent.»
Danica Doiron, soeur du conseiller Jolain Doiron, se décrit comme quelqu’un d’apolitique. Malgré cela, les débats municipaux se sont infiltrés peu à peu dans son quotidien. Elle se demande comment de simples désaccords ont mené à la situation actuelle.
Bon nombre des propos entendus dans les médias et sur internet sont de caractère diffamatoire, dit-elle.
«Beaucoup de choses sont dites et beaucoup d’information est mal transmise. Ça peut être blessant et mal interprété. Ça peut avoir un impact sur les membres des familles des conseillers.»