ANTIBILINGUISME: HIGGS DOIT PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES
Les convictions antibilinguisme du chef du Parti progressiste-conservateur n’ont pas vraiment changé, selon Serge Rousselle.
Le ministre libéral de l’Environnement et des Gouvernements locaux est d’avis que certaines prises de position récentes de Blaine Higgs sont en contradiction avec sa profession de foi pour le bilinguisme officiel.
Il en prend pour preuve la proposition de M. Higgs en 2015, alors simple député de l’opposition après quatre ans comme ministre des Finances, de remplacer le Réseau de santé Vitalité et son pendant anglophone, Horizon, par une seule régie bilingue.
Le chef de l’opposition officielle s’est aussi opposé l’an dernier au retour de l’immersion précoce en français dès la première année du primaire pour les élèves anglophones, rappelle M. Rousselle.
«Le Blaine Higgs que j’ai vu depuis 2014 en chambre et ailleurs n’est pas tellement différent que ce que j’ai lu (samedi) matin sur le site web de l’Acadie Nouvelle», avance l’élu libéral de Tracadie.
Le journal a mis la main cette semaine sur le mémoire antibilinguisme écrit en 1985 par M. Higgs et déposé devant le Comité consultatif sur les langues officielles.
Blaine Higgs réclame notamment dans son manuscrit la fin de l’immersion en français et la tenue d’un référendum pour faire de l’anglais la seule langue officielle du Nouveau-Brunswick.
«Maintenant, je comprends mieux son opposition viscérale à deux régies de santé au Nouveau-Brunswick en 2015 et au retour de l’immersion française dès la première année en 2017», affirme Serge Rousselle.
Même si M. Higgs n’avait que 31 ans au moment d’écrire son mémoire, M. Rousselle refuse d’en faire une erreur de jeunesse.
«Vous savez, moi, à 31 ans, j’étais vicedoyen de la Faculté de droit (de l’Université de Moncton).»
«Sa notion d’égalité (des deux communautés linguistiques) n’a pas tellement évolué», selon le ministre.
UN DES CANDIDATS LES PLUS MODÉRÉS
On savait déjà depuis 2010 que Blaine Higgs avait voulu devenir chef du parti antibilinguisme Confederation of Regions (CoR) en 1989. Il avait cependant toujours affirmé avoir quitté le parti lorsque celui-ci a commencé à concentrer l’essentiel de ses activités à lutter contre les droits des francophones.
Lors de la course à la direction du Parti progressiste-conservateur, en 2016, Blaine Higgs était considéré comme l’un des candidats les plus modérés sur la question des langues officielles, surtout comparativement à d’autres prétendants qui ont milité pour l’abolition du commissariat aux langues officielles et la fin du transport scolaire homogène pour la minorité francophone.
Blaine Higgs n’a jamais répété publiquement sa proposition de créer une seule régie de santé bilingue depuis qu’il a été élu à la tête des progressistes-conservateurs.