Acadie Nouvelle

BALEINES: LES HOMARDIERS TOUCHÉS

Les crabiers ne seront donc pas les seuls à voir leur saison bouleversé­e par les baleines. Le ministère des Pêches et des Océans confirme que les fermetures d’aires de pêche pour la protection des celles-ci toucheront aussi la pêche au homard ce printemps

- Avec la collaborat­ion du journalist­e Patrick Lacelle

Un avis aux pêcheurs publié mardi matin annonce qu’une étendue de près de 1900 kilomètres carrés dans l’est des sous-zones de pêche 23-C et 23-D sera fermée à la pêche au homard. Cette zone s’étend de l’île Miscou jusqu’à Tabusintac, près de Néguac.

De plus, des fermetures dynamiques de 15 jours pourraient avoir lieu dans des aires de forte concentrat­ion en nourriture pour la baleine noire dans les sous-zones 23-B, 23-C et 23-D.

Ces fermetures seront déclenchée­s par l’observatio­n d’une baleine noire dans les eaux en question.

Les fermetures auront fort probableme­nt des répercussi­ons concrètes sur la pêche, particuliè­rement dans les régions de Pigeon Hill et de Miscou. C’est dans cette région où la zone de fermeture est la plus rapprochée des côtes.

Réjean Comeau, président du Local 1 (Péninsule acadienne) de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM), ne cache pas sa frustratio­n. Il dénonce le fait que le ministère des Pêches et des Océans n’ait pas consulté les homardiers avant de dévoiler son plan de pêche.

«Ça nous a été imposé sans consultati­on, sans nous demander notre avis. On avait une opinion et des choses qu’on aurait aimé proposer, et ils n’ont même pas pris la peine de nous entendre», affirme celui qui pêche à Val Comeau.

«Est-ce qu’on doit attendre qu’il y ait des conflits (sur l’eau) pour faire quelque chose?»

M. Comeau croit qu’une trentaine de homardiers qui pêchent au large de l’île Miscou seront touchés directemen­t. Ils pourraient être forcés de déménager leurs casiers à l’extérieur de l’aire où ils pêchent habituelle­ment.

En déposant leur casier dans les eaux normalemen­t pêchées par leurs voisins, ils risquent de créer des tensions.

«Il n’y a pas de territoire désigné officielle­ment, mais veut veut pas, chaque village a un peu son territoire propre. Là, ça se peut que certains soient forcés d’aller sur l’espace du voisin. Ça se peut qu’on ait une trop grande concentrat­ion de casiers au même endroit.»

L’UPM demande à Ottawa de mettre sur pied un comité capable d’intervenir au cas où les choses s’enveniment.

«S’il y arrive un conflit sur l’eau, qu’est-ce qui va arriver? À l’UPM, on demande qu’un comité de travail soit mis en place. On demande au ministère de rencontrer les pêcheurs avant le début de la pêche pour expliquer, si jamais il y a des conflits, c’est quoi qu’on fait? Comment règle-ton ça? Ce sont des questions auxquelles on n’a pas de réponse.»

COMPORTEME­NT TERRITORIA­L

Bien que les homardiers aient le droit de pêcher où ils veulent à l’intérieur de leur souszone, la plupart ont un comporteme­nt territoria­l.

La coutume ne date pas d’hier. En 2005, une série de coupes illégales de casiers de pêche a provoqué des manifestat­ions et des réunions des joueurs clés de l’industrie. Les homardiers de Tabusintac, de Val Comeau ainsi que de Néguac étaient notamment impliqués.

«Mon père a pris ses années d’expérience auprès des pêcheurs de Tabusintac. Là où tu apprends à pêcher, tu continues de pêcher. Pour moi, ce sont mes terrains traditionn­els», avait affirmé à l’époque le pêcheur Philippe Breau, de Néguac.

NOUVELLES MESURES

En plus de respecter les zones de fermeture, les homardiers devront prendre des mesures afin de réduire la quantité de cordage flottant à la surface de la mer et signaler les casiers perdus.

Ils devront aussi déclarer toute interactio­n avec des baleines noires de l’Atlantique Nord, ainsi que les observatio­ns qu’ils font d’elles.

Dans les deux dernières semaines, aucune baleine noire n’a été observée au nord de Rockport, près de Boston, selon une carte interactiv­e du National Oceanic and Atmospheri­c Administra­tion. En 2017, la première baleine dans le golfe du Saint-Laurent a été observée durant la semaine du 15 au 21 mai. Les baleines sont arrivées en grand nombre dans la région durant la semaine du 12 au 17 juin.

UN JUSTE ÉQUILIBRE

Interpellé par un journalist­e, le premier ministre Brian Gallant s’est attaqué à la question mardi matin lors d’une annonce de création d’emploi. Il assure que gouverneme­nt tentera de trouver le juste équilibre entre l’économie et l’environnem­ent.

«Le secteur des pêches est très important pour l’économie néo-brunswicko­ise et des Provinces atlantique­s. On va faire tout ce qu’on peut - avec le gouverneme­nt fédéral - pour que ce soit une industrie qui continue d’être prospère, tout en s’assurant qu’on protège l’environnem­ent et la stabilité de l’industrie pour des génération­s à venir.»

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 ??  ?? D’année en année, les homardiers retournent à peu près aux mêmes endroits afin d’y déposer leurs casiers. Quand un pêcheur étranger pêche «dans les eaux» d’un autre homardier, il n’est pas inhabituel que la tension monte. - Archives
D’année en année, les homardiers retournent à peu près aux mêmes endroits afin d’y déposer leurs casiers. Quand un pêcheur étranger pêche «dans les eaux» d’un autre homardier, il n’est pas inhabituel que la tension monte. - Archives
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