Mort d’un détenu: les deux gardiens nient leur culpabilité
Alvida Ross et Mathieu Bourgoin ont présenté un plaidoyer de non-culpabilité aux accusations d’homicide involontaire et de négligence criminelle à la suite du décès de Matthew Hines, détenu au pénitencier de Dorchester. Simon Delattre
Le 27 mai 2015, Matthew Ryan Hines, un prisonnier âgé de 33 ans, a perdu la vie après avoir été battu et aspergé de gaz poivré à de nombreuses reprises par le personnel de l’établissement carcéral.
Tous deux résidents de Dieppe, Alvida Ross et Mathieu Bourgoin étaient agents correctionnels au pénitencier ce jour-là.
Les deux hommes n’étaient pas présents en Cour provinciale, mercredi matin, à Moncton. Ils étaient représentés par leurs avocats, Me Michel DesNeiges et Me Alison Menard.
Les accusés ont opté pour un procès avec juge et jury devant la Cour du Banc de la Reine. Une enquête préliminaire conjointe de cinq jours se tiendra en Cour provinciale, du 29 octobre au 2 novembre.
Trois membres de la famille de Matthew Hines ont fait le déplacement à Moncton depuis la Nouvelle-Écosse. Ils n’ont pas souhaité s’adresser aux médias.
«C’est trop difficile aujourd’hui», a lâché Julie Kirkpatrick à la sortie du tribunal.
Au moment des faits, les enquêteurs de la division néo-brunswickoise de la GRC avaient déterminé qu’aucun acte criminel n’était à l’origine du décès.
La division néo-écossaise de la police fédérale a finalement rouvert le dossier en mai 2016. Cette enquête interne a mené au dépôt des accusations d’homicide involontaire et de négligence criminelle.
Le rapport de l’enquêteur correctionnel, finalisé en 2017, conclut que le recours à la force inapproprié du personnel a entrainé la mort du détenu.
L’enquêteur indique qu’aucune mesure n’a été prise par le personnel pour aider la victime qui appelait à l’aide et était pris de crises convulsives.
Selon le rapport d’autopsie, le détenu originaire du Cap-Breton est mort du manque d’oxygène causé par le gaz poivré.
Le Service correctionnel du Canada a d’abord divulgué de fausses informations à la famille en prétendant que le personnel avait «immédiatement» pratiqué la réanimation cardio-pulmonaire.
Ce n’est que la troisième fois que des agents correctionnels sont accusés en lien avec la mort d’un détenu au Canada. Dans les deux autres cas, les accusations ont été retirées avant la tenue d’un procès.
Les deux agents sont actuellement en congé administratif, selon Service correctionnel du Canada.