U de M: une application afin de mieux prédire les risques de démence
Selon une professeure de neuropsychologie clinique de l’Université de Moncton, une application informatique qu’elle a mise au point pourrait aider les médecins à mieux prédire le risque de démence et à alléger le système de santé du Nouveau-Brunswick. La Presse canadienne
Sarah Pakzad a passé les sept dernières années à rechercher et à travailler sur l’Indice de fragilité neurocognitive, qui aiderait les professionnels de la santé à guider les patients à travers des tests qui évalueraient les facteurs de risque de démence.
Elle affirme que trop souvent, les patients qui présentent un faible risque de démence sont mis sur une liste d’attente pour voir un spécialiste, ce qui engorge les ressources et prend du temps pour les patients qui sont à risque plus élevé.
«Cela aidera les médecins de famille et les infirmières praticiennes à distinguer les patients à risque, ou à risque élevé, de développer une démence, comparativement à ceux qui présentent un faible risque, mais qui présentent des symptômes similaires», a déclaré Mme Pakzad.
Elle rappelle que les problèmes de mémoire peuvent être un symptôme de troubles de santé mentale - comme l’anxiété et la dépression -, il est donc difficile d’évaluer si quelqu’un est à risque de démence à cause de ce seul symptôme.
L’index tire des informations d’une base de données de plus de 25 000 patients âgés de plus de 50 ans et produit une probabilité de pourcentage de patients développant une forme de démence.
M. Pakzad a déclaré que l’indice est exact à plus de 90%.
«C’est la première fois que nous avons un index fiable, utile et facile à utiliser», at-elle déclaré.
Mme Pakzad espère terminer la conception de l’application au cours de la prochaine année.
Dans sa recherche, elle a interrogé 800 médecins de famille au NouveauBrunswick sur la façon dont ils traitent les patients qui pourraient souffrir de démence.
De nombreux médecins lui ont dit qu’ils étaient mal équipés pour diagnostiquer la démence et qu’ils ne savaient pas quoi faire quand les gens se plaignaient de problèmes de mémoire et de problèmes cognitifs.
Cela crée de la frustration chez les patients, dont certains peuvent avoir passé des heures dans une salle d’attente.
«Souvent, ils entendent: non, non, ça va, quand tu deviens vieux, c’est normal d’avoir des problèmes de mémoire», a-telle dit, ajoutant: «Non, ça ne va pas».
Bruno Battistini, chef de la direction et directeur scientifique de la Fondation de la recherche en santé du Nouveau-Brunswick, qui a fourni une grande partie des fonds pour le projet, mentionne qu’il y avait une grande lacune dans le système de santé de la province.
«Les médecins n’ont pas nécessairement la formation pour faire ce que nous appelons des évaluations cognitives», a-t-il dit. «C’est une chose plus spécialisée faite par un gériatre.»
Et il n’y a qu’un gériatre par 100 000 habitants au Nouveau-Brunswick.
M. Battistini espère que l’application aidera à réduire les listes d’attente pour les personnes à la recherche d’un spécialiste, en excluant ceux qui sont à faible risque de démence.
Le chef de la direction de la Société médicale du Nouveau-Brunswick, Anthony Knight, précise que des mesures de soutien pour les patients atteints de démence existent au Nouveau-Brunswick, mais que le système peine à répondre à la demande.
«C’est une tendance croissante, le diagnostic de la démence, chez les personnes âgées et des plus jeunes. Notre système de foyers de soins est, à coup sûr, destiné à gérer les complexités liées aux soins de la démence», a-t-il déclaré.
Il faudra encore un certain temps avant que l’application ne soit disponible pour les médecins, mais Mme Pakzad a déclaré qu’elle attendait avec impatience de voir ce que les professionnels de la santé en pensent.