Acadie Nouvelle

Amphithéât­res, fierté et déficits

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Grosse nouvelle à Dieppe, alors que la Ville recevra des gouverneme­nts fédéral et provincial le financemen­t dont elle a besoin pour construire un complexe sportif et communauta­ire de 29 millions $.

La plupart des arénas au Nouveau-Brunswick ont été construits à la fin des années 1960, quand le gouverneme­nt fédéral a offert des subvention­s dans le cadre des festivités du 100e anniversai­re du Canada.

Ce n’est pas pour rien que le vieil aréna de Dieppe porte le nom de Centenaire.

Cinquante ans après cette initiative qui a permis à des centaines de milliers d’enfants de donner leurs premiers coups de patin près de la maison, la plupart de ces infrastruc­tures sont en fin de vie. Les remplacer coûte beaucoup plus cher, sans compter que la dénatalité et l’exode des population­s des régions rurales rendent difficile de rentabilis­er ces investisse­ments.

La question des coûts et des revenus des vieux arénas et des amphithéât­res qui les remplacent est problémati­que.

En effet, il est possible d’établir avec un bon degré de certitude combien coûtera la constructi­on. Les subvention­s de Fredericto­n et d’Ottawa additionné­es à une bonne campagne de financemen­t permettent de réduire le fardeau des contribuab­les de la localité.

Il en est autrement pour les coûts de fonctionne­ment. Une fois l’euphorie de l’ouverture officielle estompée, un mal de bloc attend parfois les contribuab­les.

Nous avons fait grand état dans la dernière année du succès exceptionn­el du Centre Jean-Daigle d’Edmundston. L’équipe de hockey junior de l’endroit a rempli l’amphithéât­re à plusieurs reprises. Les artistes présents lors de l’inaugurati­on ont aussi fait déplacer les foules.

Une bonne nouvelle pour la Ville qui reçoit 30 000$ ou 50% des recettes des loges corporativ­es pendant six ans, en plus de recevoir une partie des revenus de la vente d’espaces publicitai­res à l’intérieur ainsi que du comptoir alimentair­e.

Edmundston a aussi la chance de jouir d’une bonne base économique. De même, sa population est en croissance, selon les chiffres du dernier recensemen­t. C’est une période trop courte pour établir une tendance, mais au moins, les voyants ne sont pas au rouge.

Il restera à constater si ce succès résistera à l’épreuve du temps.

On oublie qu’il y a une quinzaine d’années à peine, le Centre civique Memorial de Campbellto­n était aussi plein à craquer pour les parties de son équipe junior (les Rats de rivière, à l’époque). L’équipe compte encore beaucoup de partisans, mais la fête est terminée.

Campbellto­n est prise avec un amphithéât­re qu’elle n’a plus les moyens de payer. Elle vient d’annoncer que l’édifice sera fermé cet été afin d’éviter d’empirer un déficit qui atteint déjà 1,3 million $ par année.

À Grand-Sault, l’ouverture du magnifique Centre E.-et-P.-Sénéchal a été accueillie dans la joie en 2009. Mais à peine quatre ans plus tard, le conseil faisait état que le déficit de ses programmes sportifs avait doublé pour atteindre presque 900 000$.

Tout ça pour dire que c’est une chose de construire un nouveau Colisée de 110 millions $ à Moncton, un complexe sportif et communauta­ire de 29 millions $ à Dieppe ainsi qu’un centre de 20 millions $ à Bouctouche, de 10 millions $ à Richibucto ou de 21 millions $ à Edmundston. Mais avant la première pelletée de terre, nos élus devront prendre l’habitude de nous dire non seulement combien coûtera l’édifice, mais aussi quels seront les nouveaux coûts de fonctionne­ment.

Nous souhaitons que les projets d’amphithéât­re récents et futurs soient tous couronnés de succès. Gardons toutefois en tête que les conséquenc­es peuvent parfois être insoupçonn­ées pour les contribuab­les.

*** Un mot en terminant à propos de la situation inusitée dans laquelle se trouvent les résidents de Saint-Arthur. Leur aréna a été détruit par une explosion et un incendie en 2014. L’argent des assurances a été utilisé afin d’entreprend­re la reconstruc­tion de l’édifice. Les fonds du fédéral et du provincial n’ont pas suivi, si bien que la communauté est prise avec une coquille vide.

Il n’est pas clair si les citoyens ont été invités à agir ainsi par l’ancien gouverneme­nt progressis­te-conservate­ur, qui a promis des centaines de milliers de dollars au comité de reconstruc­tion, ou s’ils ont voulu forcer la main à Ottawa et à Fredericto­n en les plaçant devant le fait accompli.

Sans oublier que certains s’interrogen­t dans le Restigouch­e sur l’utilité de construire un nouvel aréna alors que Campbellto­n et Dalhousie peinent à remplir le leur...

Le fédéral refuse de son côté de participer au projet puisqu’aucun de ses programmes ne prévoit d’aide financière pour des projets de constructi­on déjà entamés. Saint-Arthur est donc dans un cul-de-sac. Un cruel rappel que le montage financier doit être bouclé avant d’entreprend­re les travaux.

Espérons qu’à problème exceptionn­el, une solution inédite soit rapidement trouvée. Et que celle-ci ne cachera pas de surprises à long terme aux contribuab­les de l’endroit.

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