Acadie Nouvelle

Méli-mélo dans les airs

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Si vous voyagez souvent en avion au Canada, vous savez que les services en français varient énormément d’une compagnie à l’autre. Mais peut-être croyez-vous que toutes ces compagnies ont la même obligation constituti­onnelle de vous servir en français? Que tous les aéroports ont des obligation­s similaires? Erreur!

Selon que l’aéroport est «internatio­nal» ou non, les obligation­s changent, quant aux compagnies aériennes, la seule qui est tenue à un bilinguism­e pur et dur (en théorie!) c’est Air Canada. Pourquoi? Parce que c’est l’argent public qui a créé cette compagnie dont l’image de marque demeure le rouge canadien et la feuille d’érable. Les autres compagnies font, selon l’expression, «des efforts pour servir les francophon­es» et souvent pas d’efforts du tout.

Le sénateur René Cormier avance qu’il serait bon que toutes les compagnies aient les mêmes obligation­s de bilinguism­e qu’Air Canada. Bravo! Mais disons que ce n’est pas gagné d’avance: j’ai lu les réactions des compagnies anglophone­s et je suis atterrée de voir qu’elles n’ont pas encore dépassé l’étape de «ça va coûter trop cher».

Air Transat, compagnie francophon­e pour qui, bien entendu, le bilinguism­e est une affaire entendue, a déclaré que ce ne serait pas un problème vu que tous ses employés peuvent fonctionne­r dans les deux langues. Quand bien même la propositio­n pleine de bon sens du sénateur Cormier serait retenue que la barre ne serait pas haute: en effet, Air Canada ignore depuis des décennies ses obligation­s linguistiq­ues.

Graham Fraser, ancien Commissair­e aux Langues officielle­s, a même posé le geste rarissime de se présenter devant la Chambre des Communes, en 2016, pour supplier les députés d’agir: «j’ai utilisé, sans succès, divers pouvoirs que la Loi me confère afin de tenter d’obliger Air Canada à mieux respecter ses obligation­s linguistiq­ues à l’égard du public voyageur. Après des centaines d’enquêtes et de recommanda­tions, après une vérificati­on exhaustive et après deux recours, dont l’un jusqu’à la Cour suprême du Canada, force est de constater que mes multiples interventi­ons, à l’instar de celles de mes prédécesse­urs, n’ont pas donné les résultats souhaités. Parmi les institutio­ns assujettie­s à la Loi, Air Canada a toujours été – et demeure – l’une de celles qui font l’objet du plus grand nombre de plaintes.»

J’arrive de voyage. Rien n’a changé.

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