Acadie Nouvelle

NPD: Singh exclut Erin Weir du caucus

- Mélanie Marquis

Le député néo-démocrate Erin Weir a été expulsé du caucus de son parti à l’issue d’une enquête sur des allégation­s de harcèlemen­t et de harcèlemen­t sexuel, et parce qu’il a contesté les résultats de cette investigat­ion.

Le chef du Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD), Jagmeet Singh, a annoncé jeudi dans le foyer de la Chambre l’expulsion de l’élu de la Saskatchew­an. Des «développem­ents récents», a-t-il déclaré, ont démontré que le député n’était pas disposé à prendre une approche de «réhabilita­tion».

Ces récents développem­ents remontent aux derniers jours: mardi, le député a affirmé que la plainte initiale pour harcèlemen­t le visant était infondée et qu’elle constituai­t une manoeuvre politique pour l’empêcher de faire entendre sa voix discordant­e sur la taxe sur le carbone. «Il a contesté les résultats de l’enquête, il a attaqué, d’une manière, la personne qui a partagé la plainte. Aussi, il a dévoilé des détails qui peuvent (permettre d’) identifier la personne qui a partagé la plainte», a justifié le chef Singh.

«Donc, à cause de ça, je ne peux pas avoir confiance dans un espoir de réhabilita­tion à cause de ces actions, qui montrent que c’est clair qu’il n’accepte pas la responsabi­lité pour ce que l’enquête a trouvé», a-t-il enchaîné.

L’investigat­ion menée par une avocate a conclu «qu’une allégation de harcèlemen­t, et trois allégation­s de harcèlemen­t sexuel, étaient soutenues par des preuves» et que le député n’avait «pas su lire les signaux non verbaux dans des situations sociales».

Son comporteme­nt a «entraîné des conséquenc­es néfastes considérab­les pour les personnes ayant formulé des plaintes», bien que, «lorsqu’il s’est fait dire que ses avances n’étaient pas désirées, M. Weir s’est arrêté», selon le même rapport.

Le chef du NPD a le document en mains depuis environ deux semaines. Après en avoir pris connaissan­ce, il a communiqué avec le député pour tenter de convenir d’un processus de «réhabilita­tion», ce qui nécessitai­t de lui qu’il «assume la pleine responsabi­lité de ses actions». Sa sortie dans les médias a fait capoter l’opération, et il s’est donc fait chasser du caucus.

Son éjection n’a pas semblé émouvoir ses collègues croisés dans les couloirs du parlement, jeudi. Tous ont serré les rangs derrière leur chef et fait valoir que le processus d’enquête avait été juste et transparen­t.

«Il a désavoué l’ensemble de ce processusl­à», et cela a fait en sorte qu’«une possible réhabilita­tion ou réintégrat­ion n’était plus envisageab­le», a argué le député Alexandre Boulerice en point de presse.

INTERACTIO­NS «RÉINTERPRÉ­TÉES»

Le principal intéressé a tiré à boulets rouges sur le processus, le rapport et sur le chef néo-démocrate. Son bureau a fait parvenir jeudi un communiqué dans lequel les conclusion­s ainsi que la réaction de Jagmeet Singh sont qualifiées d’«exagérées».

Dans cette déclaratio­n écrite, où le terme harcèlemen­t sexuel est placé entre guillemets, il accuse le parti d’avoir «sollicité des plaintes» de femmes. Et il soutient que certaines de ces plaintes ont pu avoir subi une déformatio­n en raison du contexte. «La combinaiso­n d’annonces publiques, de couverture médiatique, de communicat­ions internes sur une enquête de «harcèlemen­t» où Singh dit qu’il «croit les survivante­s» a mené des gens à réinterpré­ter rétrospect­ivement leurs interactio­ns passées avec Weir», lit-on. Il a ajouté que le chef avait d’abord décidé de lui permettre de réintégrer le caucus. Une source néo-démocrate a précisé qu’il avait été établi que la réintégrat­ion était conditionn­elle à la démarche de «réhabilita­tion» - celle que le député a fait capoter avec sa sortie de mardi.

L’ancien économiste a expliqué s’être senti obligé de parler après avoir lu un article de CBC. Dans celui-ci, une plaignante anonyme accusait M. Weir de lui avoir parlé de façon agressive et disait s’être sentie intimidée physiqueme­nt.

«Il est clair que la plaignante est une exemployée de (l’ancien) bureau du chef du NPD qui a intercepté Weir (...) pour l’empêcher de parler sur une résolution au congrès du NPD de la Saskatchew­an en 2016», a-t-il écrit, parlant de lui à la troisième personne.

Il a accusé l’ancien chef Thomas Mulcair et le député Charlie Angus d’être derrière cette tactique et allègue qu’ils l’ont par la suite empêché de poser des questions à la Chambre des communes pendant plusieurs mois «comme punition».

«J’ai trouvé ces propos tellement bizarres et tellement champ gauche, je ne vais pas leur accorder d’importance», a réagi jeudi Charlie Angus, qui était président du caucus néo-démocrate à l’époque.

«Le voir affirmer que M. Mulcair et moi étions de mèche avec ces femmes, pour les encourager à porter plainte, est tellement inadmissib­le que ça ne vaut même pas la peine de commenter. Disons simplement que c’est ridicule», a-t-il laissé tomber en mêlée de presse.

D’AUTRES CAS

Les néo-démocrates ne sont pas les seuls à avoir dû composer avec une histoire de nature sexuelle sur la colline du Parlement: au début de l’année, libéraux et conservate­urs ont aussi été plongés dans la tourmente.

Chez les libéraux, c’est le député Kent Hehr qui a fait l’objet d’allégation­s d’inconduite sexuelle. Il a démissionn­é de son poste de ministre lorsque l’affaire a fait surface, mais il est demeuré membre du caucus libéral.

L’enquête indépendan­te qui a été déclenchée pour faire la lumière sur le cas de l’élu albertain n’est pas encore bouclée, a spécifié jeudi Eleanore Catenaro, porte-parole au bureau du premier ministre Justin Trudeau. Les libéraux n’ont pris aucun engagement de rendre le rapport public.

Dans le camp conservate­ur, c’est la décision des stratèges du parti de donner le feu vert à la candidatur­e du député sortant Rick Dykstra en sachant qu’il était soupçonné d’avoir agressé sexuelleme­nt une employée politique en 2014 qui a semé la consternat­ion. L’enquête sur cette affaire «est toujours entre les mains du vérificate­ur indépendan­t», a indiqué une porte-parole du Parti conservate­ur, Catherine Major. Le chef conservate­ur, Andrew Scheer, s’est engagé à rendre le rapport public.

 ??  ?? Erin Weir
Erin Weir

Newspapers in French

Newspapers from Canada