Acadie Nouvelle

OPIOÏDES: LE NOMBRE DE VICTIMES SE MULTIPLIE AU N.-B.

- marie.toulgoat@acadienouv­elle.com Marie Toulgoat

Alors que le nombre de personnes victimes de surdoses d’opioïdes augmente, les profession­nels de la santé et les associatio­ns d’aide aux consommate­urs de drogues sont sur le qui-vive. En ligne de mire: l’éducation des proches des usagers sur les réflexes à avoir en cas de surdose.

«C’est vraiment inquiétant de voir des personnes si jeunes, qui ont à peine 24 ans, mourir d’une surdose d’opioïde. C’est tellement dommage.»

Cette remarque, Debby Warren se la fait de plus en plus régulièrem­ent ces dernières années.

Pour la directrice générale de Sida Moncton, c’est une véritable crise que connaît la province en matière d’opioïdes. Les usagers de ces drogues psychotrop­es, telles que la morphine ou l’héroïne, sont en effet de plus en plus nombreux à succomber à une surdose.

En 2017, selon les données d’un rapport gouverneme­ntal, au moins 33 personnes sont décédées à la suite d’une surdose accidentel­le d’opioïdes. Ce chiffre, déjà en augmentati­on par rapport à l’année précédente – 26 personnes sont décédées en 2016 – pourrait encore gonfler avec les résultats des enquêtes en cours du coroner.

Le taux de mortalité pour les surdoses apparentes d’opioïdes est ainsi passé de 3,3 pour 100 000 personnes en 2016 à 4,4 pour 100 000 personnes en 2017.

Une augmentati­on dont l’équipe de Sida Moncton a pu constater l’ampleur. L’organisme vient en aide aux personnes dépendante­s, tout en veillant à minimiser les risques liés à la consommati­on de drogues, tels que les surdoses ou les transmissi­ons d’infections.

L’année dernière, Debby Warren et son équipe ont accueilli entre leurs murs plus de 700 usagers de drogues, dont de nombreux consommate­urs d’opioïdes. Il s’agit d’une augmentati­on d’environ 20% par rapport à l’année précédente.

D’avril 2016 à mars 2017, 243 000 seringues neuves ont été distribuée­s par Sida Moncton.

Si le nombre total de morts par overdose est affligeant, ils ne sont pour Debby Warren que la face émergée de l’iceberg. Comme elle l’explique, les surdoses ne sont qu’une cause de décès parmi d’autres chez les utilisateu­rs d’opioïdes.

«Je sais que ces dernières semaines, deux jeunes femmes dans leurs vingtaines sont décédées. Elles n’ont pas fait de surdose, mais elles avaient d’autres problèmes de santé liés à leur consommati­on d’opioïdes», raconte-t-elle avec affliction.

DE MEILLEURES RÉPONSES FACE AUX SURDOSES

Du côté du personnel d’Ambulance Nouveau-Brunswick, l’augmentati­on du nombre d’accidents liés à une surdose d’opioïdes n’est pas non plus passée inaperçue.

En 2017, 282 personnes suspectées d’être victimes d’une surdose se sont vues administre­r du naloxone par un travailleu­r paramédica­l d’Ambulance NB, contre seulement 27 en 2012, soit une augmentati­on de 1044%.

Le naloxone est un antidote qui permet de stopper temporaire­ment les effets d’une surdose. Il n’est efficace qu’en cas d’intoxicati­on aux opioïdes.

Si cette impression­nante augmentati­on du nombre d’administra­tion du traitement est liée à une augmentati­on du nombre d’utilisateu­rs, pour Ambulance NB, elle est également à mettre sur le compte d’une meilleure éducation du public: les gens composent plus facilement le 911 lorsqu’il suspecte une surdose..

Une formation ciblée des ambulancie­rs d’Ambulance NB leur a également permis de mieux déceler les signes de surdoses et d’agir plus efficaceme­nt.

«Nous sommes d’avis que cette formation ciblée a fait en sorte que les travailleu­rs paramédica­ux sont plus à l’aise à administre­r ce médicament très sécuritair­e pour les patients», a affirmé par voie de courriel le service des communicat­ions d’Ambulance NB.

De meilleures réponses face aux surdoses que Sida Moncton espère également développer. L’organisme a mis en place un arsenal de documents ciblant l’éducation du public, et expliquant notamment que faire en présence d’un individu qui présente les signes d’une surdose d’opioïdes.

«On est tous déjà allés à des soirées où l’on croise cet ami qui ne se sent pas bien et qu’on décide de laisser dormir. Mais laisser dormir sans agir, ça peut être synonyme de mort dans le cas d’un usager d’opioïdes», explique Debby Warren.

Sida Moncton a reçu de la part de l’entreprise de production de cannabis OrganiGram, environ 500 trousses de naloxone. Ces trousses sont ensuite redistribu­ées gratuiteme­nt aux organismes qui côtoient des usagers d’opioïdes, ainsi qu’à leurs proches et familles.

Les personnes à qui Sida Moncton remet les trousses de Naloxone reçoivent au préalable une formation, au cours de laquelle sont présentés les effets de l’antidote et la manière de l’administre­r.

Debby Warren espère dans le futur avoir accès à plus de trousses, pour être en mesure de fournir le traitement à chaque famille d’usager d’opioïde.

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- Acadie Nouvelle: Marie Toulgoat Sida Moncton a développé toute une documentat­ion destinée aux usagers des opioïdes ainsi qu’à leurs proches.
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Debby Warren

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