Moncton: un appel à chasser le secteur privé de la gestion de l’eau potable
Un syndicat représentant des employés de la Ville de Moncton demande à la municipalité de rapatrier dans le secteur public l’exploitation de l’usine de traitement de l’eau. Simon Delattre
En 1998, la Ville de Moncton a conclu un partenariat public-privé avec le groupe multinational Veolia pour la gestion de l’usine de traitement de l’eau potable située près du réservoir Turtle Creek.
Moncton était alors la seule municipalité canadienne à gérer son réseau d’aqueduc en partenariat avec une compagnie privée. Veolia avait la responsabilité de construire, financer et d’exploiter l’installation, lui donnant le droit exclusif de vendre l’eau à la Ville.
L’entente arrive à échéance à la fin de 2019. Moncton a donc lancé un processus de recherche de soumissionnaires privés afin de trouver une entreprise avec qui elle signera un contrat pour les 15 années suivantes.
Lundi, plusieurs membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) ont demandé aux conseillers d’envisager d’autres options. Gabrielle Ross-Marquette, chercheuse au SCFP, croit que Moncton devrait en profiter pour reprendre le contrôle des opérations quotidiennes de l’usine.
«On propose de prendre une pause et de vérifier si c’est ce qu’il faut continuer à faire», dit-elle.
«Il faut un débat public au sujet des coûts et des conséquences de cette soustraitance.» Selon Gabrielle Ross-Marquette, d’autres municipalités ont réalisé d’importantes économies en faisant la transition du privé au public et ont développé une expertise interne en recrutant les employés qui étaient au privé.
L’eau est un service public essentiel qui ne devrait obéir qu’à l’intérêt général, ajoute la syndicaliste.
«C’est une question de transparence. Lorsque c’est public, on élit des gens qui prennent des décisions dans nos intérêts, quand c’est privé, les entreprises sont juste intéressées par leurs marges.»
La présentation n’a pas suscité de grands débats. Le conseiller Pierre Boudreau a simplement indiqué que «les conseillers et le personnel ont encore beaucoup de recherches à faire».
De son côté, Veolia entend continuer à gérer l’usine de traitement des eaux du Grand Moncton.
M. Bennett fait valoir que l’entente a permis une nette amélioration de la qualité de l’eau.
Lancée le mois dernier, la recherche de soumissionnaires prendra fin le 11 mai. Trois entreprises seront ensuite invitées à déposer une proposition d’ici l’automne. La sélection se fera avant la fin de l’année.
«Nous espérons poursuivre notre partenariat et continuer à fournir une eau saine et de grande qualité à la communauté», indique Rick Bennett, gestionnaire de projet pour Veolia.