Une heure de lecture avec une drag queen
Pour leur histoire du soir, des enfants de Moncton ont pu écouter mardi une drag queen leur faire la lecture à la bibliothèque publique. Une oratrice quelque peu spéciale pour une belle leçon de respect de la différence. Marie Toulgoat
C’est un atelier de lecture un peu particulier auquel petits et grands ont pu participer mardi soir à la bibliothèque publique de Moncton.
Avec une imposante perruque blanche sur la tête, un noeud pailleté aux couleurs de l’arc-en-ciel dans les cheveux, une robe bouffante bleue et un rouge à lèvres turquoise sur la bouche, l’oratrice qui s’est livrée à l’exercice de lecture n’avait rien de banal.
Stiles Galore est une drag queen: elle exagère avec des tenues extravagantes son genre féminin.
Habituée aux performances en boîte de nuit – ou elle préfère généralement les tenues de drag king, c’est-à-dire des tenues jugées masculines – elle a délaissé les scènes où elle donne ordinairement des spectacles pour le calme de la bibliothèque.
«Être drag, c’est une exagération du genre. Pour une drag queen, c’est exagérer les traits féminins. (...) C’est une forme d’art», explique Stiles Galore.
Au programme de cette heure de lecture peu commune, pas de conte de princes et de princesses. Les enfants présents à cet atelier ont pu écouter à la place l’histoire de Jazz, fillette transgenre, ou encore de Tango, petit manchot aux deux papas.
C’est Stiles Galore elle-même qui a choisi les contes parmi les livres de la bibliothèque. Celle-ci a choisi parmi les livres des histoires qu’elle a jugées mignonnes, faciles à comprendre pour les enfants, mais surtout des histoires avec un message bien présent.
«C’était vraiment bien, et c’est une occasion de lire des livres qui sont respectueux de la communauté LGBT. C’était beau et c’est important que les enfants connaissent ça», confie-t-elle.
L’événement, une première à Moncton, a été organisé conjointement par la bibliothèque publique et par l’organisme de défense des droits de la communauté LGBTQ+ du Grand Moncton, la Rivière de la fierté.
À l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai, les organisateurs ont souhaité mettre sur pied un moment convivial et léger, tout en garantissant aux personnes LGBTQ+ un espace sans discrimination.
«Le but est de donner un espace sécuritaire aux familles arc-en-ciel, aux familles qui ont des membres de la communauté LGBTQ+, que ce soit les parents, les enfants, ou même les grands-parents. On essaye de leur donner un espace pour qu’ils puissent se rejoindre de façon ludique», explique le coordinateur de projet de la Rivière de la fierté, Charles MacDougall.
En plus de proposer un espace sûr, les organisateurs ont cherché à sensibiliser dès le plus jeune âge les enfants sur la question de l’expression du genre.
Pour Catherine Vienneau-Leclair en effet, apprendre aux enfants l’importance de l’inclusion dès le plus jeune âge est une nécessité.
Celle-ci est chef des services enfants à la bibliothèque publique de Moncton, mais c’est en tant que mère d’une petite fille qu’elle s’est jointe au public de Stiles Galore.
«C’est important de transmettre aux enfants le thème d’apprendre à vivre la différence. Dès le plus jeune âge, le respect, l’inclusion, et tout simplement célébrer les différences, ça peut s’apprendre», indique Mme Vienneau-Leclair.
Un avis partagé par la drag queen Stiles Galore.
«Ça apprend aux enfants que c’est correct d’être différent, que tu n’as pas besoin d’avoir peur d’être différent et que c’est bien si tu connais quelqu’un de différent», ajoute-t-elle.