RACHETER AU LIEU DE DÉDOMMAGER?
«Peut-être que l’on pourrait dire “on vous offre de racheter votre propriété. Et si vous refusez l’offre, c’est correct; voici du financement additionnel pour améliorer la protection de votre propriété, mais vous ne serez pas admissibles à un dédommagement lors de la prochaine inondation.”»
Les inondations records qui ont ébranlé le Sud-Ouest ces dernières semaines risquent de coûter une petite fortune aux gouvernements. Selon un professeur universitaire ontarien, il s’agit d’une occasion en or de sortir des sentiers battus et de lancer un programme de rachat de propriétés.
Selon les dernières estimations du ministre de l’Environnement et des Gouvernements locaux du Nouveau-Brunswick, les coûts de la plus récente montée des eaux du fleuve Saint-Jean pourraient atteindre 80 millions $.
Avec les changements climatiques, des situations semblables risquent de se reproduire au cours des années, si l’on se fie à la mise en garde faite récemment par des experts.
Selon Jason Thistlethwaite, professeur adjoint à l’École de l’environnement, de l’entreprise et du développement de l’Université de Waterloo, on devrait profiter de la crise actuelle pour réfléchir aux moyens de changer la donne.
«Il faut réduire la concentration du risque auxquels font face les contribuables et les assureurs. Et la façon la plus efficace de faire cela est de réduire l’exposition au risque. Cela veut dire prendre les maisons ainsi que les gens et les enlever du chemin de la montée des eaux», dit-il en entrevue téléphonique avec l’Acadie Nouvelle.
Le meilleur moyen de le faire, à son avis? Un programme de rachat des propriétés financé par les gouvernements, dans le cadre duquel on offrirait aux personnes demeurant dans des secteurs les plus à risque de céder leur maison (en échange d’une compensation égale à sa valeur pré-inondation).
Il précise qu’il est loin d’avoir inventé ce concept. Des rachats ont eu lieu ailleurs dans le monde au cours des dernières décennies.
C’est notamment le cas dans la région de Houston, où le comté de Harris achète des maisons dans les zones qui sont inondées le plus régulièrement. Depuis 1985, le comté a racheté environ 3100 propriétés pour la somme de 342 millions $US (environ 437 millions $ canadiens).
Jason Thistlethwaite affirme s’est intéressé de près à la recherche effectuée à ce sujet et a découvert que le retour sur l’investissement est indéniable.
«Économiquement, c’est clairement une bonne idée d’adopter une politique du genre. Réduire le risque sauve de l’argent sur le long terme. La question, c’est de savoir si c’est juste comme politique.»
La mise sur pied d’un programme de rachats de logements soulèverait effectivement un tas de questions.
Qui doit payer? Qui doit établir les critères d’admissibilité et quels doivent être ces critères? Et quoi faire si des propriétaires tiennent absolument à rester dans des zones inondables?