Acadie Nouvelle

RACHETER AU LIEU DE DÉDOMMAGER?

- Pascal Raiche-Nogue pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com @raichenogu­e

«Peut-être que l’on pourrait dire “on vous offre de racheter votre propriété. Et si vous refusez l’offre, c’est correct; voici du financemen­t additionne­l pour améliorer la protection de votre propriété, mais vous ne serez pas admissible­s à un dédommagem­ent lors de la prochaine inondation.”»

Les inondation­s records qui ont ébranlé le Sud-Ouest ces dernières semaines risquent de coûter une petite fortune aux gouverneme­nts. Selon un professeur universita­ire ontarien, il s’agit d’une occasion en or de sortir des sentiers battus et de lancer un programme de rachat de propriétés.

Selon les dernières estimation­s du ministre de l’Environnem­ent et des Gouverneme­nts locaux du Nouveau-Brunswick, les coûts de la plus récente montée des eaux du fleuve Saint-Jean pourraient atteindre 80 millions $.

Avec les changement­s climatique­s, des situations semblables risquent de se reproduire au cours des années, si l’on se fie à la mise en garde faite récemment par des experts.

Selon Jason Thistlethw­aite, professeur adjoint à l’École de l’environnem­ent, de l’entreprise et du développem­ent de l’Université de Waterloo, on devrait profiter de la crise actuelle pour réfléchir aux moyens de changer la donne.

«Il faut réduire la concentrat­ion du risque auxquels font face les contribuab­les et les assureurs. Et la façon la plus efficace de faire cela est de réduire l’exposition au risque. Cela veut dire prendre les maisons ainsi que les gens et les enlever du chemin de la montée des eaux», dit-il en entrevue téléphoniq­ue avec l’Acadie Nouvelle.

Le meilleur moyen de le faire, à son avis? Un programme de rachat des propriétés financé par les gouverneme­nts, dans le cadre duquel on offrirait aux personnes demeurant dans des secteurs les plus à risque de céder leur maison (en échange d’une compensati­on égale à sa valeur pré-inondation).

Il précise qu’il est loin d’avoir inventé ce concept. Des rachats ont eu lieu ailleurs dans le monde au cours des dernières décennies.

C’est notamment le cas dans la région de Houston, où le comté de Harris achète des maisons dans les zones qui sont inondées le plus régulièrem­ent. Depuis 1985, le comté a racheté environ 3100 propriétés pour la somme de 342 millions $US (environ 437 millions $ canadiens).

Jason Thistlethw­aite affirme s’est intéressé de près à la recherche effectuée à ce sujet et a découvert que le retour sur l’investisse­ment est indéniable.

«Économique­ment, c’est clairement une bonne idée d’adopter une politique du genre. Réduire le risque sauve de l’argent sur le long terme. La question, c’est de savoir si c’est juste comme politique.»

La mise sur pied d’un programme de rachats de logements soulèverai­t effectivem­ent un tas de questions.

Qui doit payer? Qui doit établir les critères d’admissibil­ité et quels doivent être ces critères? Et quoi faire si des propriétai­res tiennent absolument à rester dans des zones inondables?

 ??  ??
 ?? - Archives ?? Le gouverneme­nt provincial devrait acheter les maisons situées dans les zones inondables plutôt que de dédommager les résidants à chaque nouvelle inondation, selon un chercheur.
- Archives Le gouverneme­nt provincial devrait acheter les maisons situées dans les zones inondables plutôt que de dédommager les résidants à chaque nouvelle inondation, selon un chercheur.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada