| VENDREDI 25 MAI 2018
Hagar Sharvit est une brillante mezzosoprano native d’Israël. Carl Philippe Gionet – non moins brillant pianiste – a quant à lui grandi en Acadie, à Caraquet plus précisément. Deux mondes, tant physiques que culturels, séparent les deux musiciens. Pourtant, leurs deux noms se trouvent ensemble dans ce texte et la paire se cachant derrière s’assemblera samedi, dans le cadre d’un concert aux dimensions olympiques à l’église Saint-Joachim de Bertrand.
Au programme de ce concert présenté dans le cadre de la série Musique SaintJoachim, des oeuvres de Fauré, de Poulenc, de Britten, de Mozart et de Schumann, entre autres. Nous l’avons dit: ce menu en est un de haute compétition. Et c’est littéralement le cas, puisque la mezzo, pour qui le concert de samedi constitue sa toute première présence au Canada, refera exactement le même programme lors du Concours musical international de Montréal, à compter du 29 mai. Elle sera accompagnée au piano par notre compatriote, qu’elle retrouvera également au Récital-concours international de mélodies françaises du Festival Classica le 10 juin, à Saint-Lambert, non loin de Montréal.
Mais que fait une Israélienne avec un Acadien, et surtout, comment leur union ar- tistique est-elle possible? Le hasard, pour autant qu’il existe, fait parfois bien les choses.
«Nous nous sommes rencontrés il y a sept ans, lors du premier concours Heidelberger Lied Akademie en Allemagne. Ç’a été un véritable coup de foudre musical et amical entre nous deux à ce moment! Depuis ce temps, nous nous sommes produits régulièrement ensemble, surtout en Europe. Mais c’est la première fois que nous nous retrouvons tous les deux au pays, et la première fois tout court pour Hagar», souligne Carl Philippe Gionet, au cours d’un entretien par vidéoconférence flanqué de son amie.
Les deux comparses ont d’ailleurs profité du concert de samedi pour s’accorder quelques jours de semi-vacances dans la Péninsule acadienne. Au cours des derniers jours, Hagar Sharvit a ainsi pu, entre deux répétitions, rencontrer plusieurs habitants de la région. Épicurienne tout comme son ami, elle s’est aussi laissée aller à essayer la gastronomie du coin.
«Je pense qu’ils veulent me tuer par l’abondance!, lâche-t-elle dans un puissant éclat de rire. Pour vrai, j’apprécie ça énormément! Les gens d’ici sont très gentils et aiment beaucoup la musique. Pour une première visite au Canada, c’est une réussite», ajoute-t-elle avec un large sourire.
Depuis 2011, la mezzo israélienne a participé à de nombreuses compétitions à travers le globe. Elle a notamment remporté, en 2015, le premier prix ainsi que le prix du public au concours Das Lied de Berlin, en Allemagne. Elle s’est également illustrée en 2012 au Concours international Brahms en Autriche. Là encore, en montant sur la plus haute marche du podium.
Dotée d’un large registre au coffre rond – évoquant parfois la contralto Marie-Nicole Lemieux dans les graves – Hagar Sharvit est une touche-à-tout, alliant à la fois le lied et la mélodie française au répertoire baroque, en passant par quelques rôles de l’époque romantique, notamment dans des oeuvres de Bizet, de Rossini et de Donizetti. Un CV impressionnant et multicolore, tout comme le sera le concert de samedi.
«Le programme est vraiment bâti pour montrer toute la palette de Hagar. Et comme ce sont toutes des mélodies, ce sera léger. Tout comme l’est notre plaisir de travailler ensemble», exprime Carl Philippe Gionet.
Sa collègue acquiesce: «Nous nous sommes littéralement déroulé un tapis rouge musical l’un pour l’autre. J’ai travaillé avec de nombreux pianistes au fil des ans, mais avec Carl, c’est particulier, car il a un excellent sens de l’humour tout en étant très à son affaire. Nous avons tous les deux la même créativité et le même instinct sur le plan musical. Quand un duo comme le nôtre peut se comprendre par un simple regard et donner exactement le son que nous voulons, c’est signe que la chimie est parfaite et ça devient très facile de faire des concerts dans ce climat-là».
Le concert de Hagar Sharvit et de Carl Philippe Gionet aura lieu à 19h30.
Par ailleurs, il sera possible de les suivre sur le web lors de leurs concours en visitant les sites du Concours international de Montréal et du Récital-Concours de mélodies françaises.
Pour le Récital-concours, qui débuter à 17h, heure des Maritimes, le public sera invité à voter en ligne pour la meilleure prestation.