Odeurs nauséabondes dans le Haut-Madawaska: les résidants déçus de la médecin-hygiéniste
L’intervention récente de la médecin-hygiéniste en chef du N.-B. dans le litigieux dossier impliquant la présence dans le Haut-Madawaska de l’usine Nutritec n’a pas avoir calmé les ardeurs des opposants et des voisins de l’entreprise.
Ceux-ci fondaient de grands espoirs sur la Dre Jennifer Russell, qui est allée récemment à la rencontre d’un groupe d’intervenants et de citoyens qui accusent l’entreprise d’émettre des odeurs insupportables en plus de ruiner la santé des gens vivants aux alentours.
«C’est invivable ici maintenant, on ne peut plus s’asseoir dehors et relaxer. Il faut même souvent retirer les vêtements de la corde à linge», a confié Jeanne-D’Arc Gagné.
«C’est une source de pollution. Nous avons le droit de respirer de l’air pur jusqu’à la fin de nos jours», a pour sa part lancé Louis Chouinard, le maire du village de Lac Baker.
La rencontre d’une durée d’environ 60 minutes avec la nouvelle médecin-hygiéniste en chef à Saint-François-de-Madawaska n’a pas permis aux citoyens d’être rassurés quant à la qualité de l’air retrouvée dans le HautMadawaska et les environs, bien au contraire.
«La Dre Russell était venue ici pour nous écouter et elle n’a pas écouté. Cette rencontre a été une vraie catastrophe», résume Monique Levesque, qui s’oppose depuis quelques années déjà à la présence de l’usine Nutritec d’Envirem Organics.
Elle n’en démord pas et persiste à affirmer que le fabricant d’engrais organique empoisonne la vie et la santé des résidents de SaintFrançois-de-Madawaska et des environs.
«Nous avons été désappointés. Nous nous attendions à recevoir des données ou des analyses préliminaires. C’est clair que le bureau du médecin-hygiéniste en chef est toujours en train d’étudier ce dossier avec le ministère de l’Environnement», a affirmé Denis Y. Boulet, un résident de Connors.
Celui qui est également chef adjoint du Parti vert du Nouveau-Brunswick s’est dit quelque peu déçu du manque de réponse qu’avait à offrir la Dre Jennifer Russell aux personnes présentes à la rencontre qui s’est déroulée à l’édifice municipal de Saint-François-de-Madawaska.
«Elle n’était pas outillée et capable de nous répondre et de faire face à nos inquiétudes», a ajouté Sophie Vaillancourt, du Comité de l’environnement des lacs.
Selon elle, le gouvernement du NouveauBrunswick a déjà en sa possession des données environnementales partielles concernant la qualité de l’air de la région et refuserait pour l’instant de les dévoiler.
«Des études américaines ont démontré des liens très étroits entre la présence d’usines semblables aux États-Unis et des cas de cancer. Conscient des dangers pour ses citoyens, le pays a fait fermer toutes ces usines», a soutenu Sophie Vaillancourt.
Toujours selon elle, la médecin-hygiéniste en chef de la province refuserait de s’appuyer sur ces études de nos voisins américains.
Les opposants de l’usine Nutritec affirment que cette saga dépasse largement les frontières du Nouveau-Brunswick puisque les émanations provenant de l’entreprise auraient des retombées au Québec ainsi que dans l’État du Maine, sur une distance d’environ 300 km à la ronde.
«Il faut savoir ce qui est rejeté dans l’atmosphère par cette industrie et connaître les effets de ces émissions sur la santé. Il y a beaucoup de questions sans réponse...», estime Denis Y. Boulet, qui sera candidat du Parti vert dans Madawaska-Les-Lacs-Edmundston lors de la prochaine élection provinciale.
Monique Levesque s’est dite déçue du manque d’appuis de la part de la classe politique à l’endroit des citoyens qui résident aux abords de l’usine Nutritec.
«Nous avons envoyé des lettres à tous les partis politiques de la province pour obtenir un coup de main. Seul le chef du Parti vert David Coon s’est levé pour nous à l’Assemblée législative», affirme-t-elle, tout en écorchant au passage la députée de MadawaskaLes-Lacs-Edmundston Francine Landry.
«Lorsque j’ai pris connaissance des plaintes des citoyens, j’ai immédiatement contacté le ministère de l’Environnement et des Gouvernements locaux qui a fait toutes les démarches nécessaires pour évaluer et tester la qualité de l’air et qui est intervenu auprès de l’entreprise sur les procédés utilisés», a tôt fait de répondre à ses détracteurs la ministre.
«Je veux faire le point ici que, comme gouvernement et comme communauté, nous devons baser nos décisions futures sur les données scientifiques et non sur les émotions», a affirmé la députée libérale, qui dit aisément comprendre le mécontentement des citoyens.
Selon elle, des analyses d’émissions de monoxyde de carbone, d’oxyde d’azote, de dioxyde de soufre et de particules flottantes ont été effectuées et démontrent que la concentration de particules était bien en dessous des limites acceptables de concentration établies.
Étant à l’extérieur du pays, la médecin-hygiéniste en chef doit commenter à son tour le dossier de l’usine Nutritec lundi.