DU DÉCHIREMENT À L’INTÉGRATION
Une fois passés les premiers chocs culturels, les réfugiés doivent faire face à un nouvel obstacle de taille: la langue. Entre tâches du quotidien et recherche d’emploi, l’apprentissage de l’anglais est souvent une condition sine qua non de l’adaptation.
L’anglais de Nedal Najib et de Safia Narbi est encore timide. Bien que le couple soit assidu dans ses leçons de langues, ils peinent encore à mener une conversation entière.
Pendant notre entrevue, un employé de l’Association multiculturelle du Grand Moncton (AMGM), Yassine Hammami, joue le rôle d’interprète, traduisant les réponses de l’arabe au français.
Une aide indispensable à la communication, qui présente la première difficulté à laquelle doivent se confronter les réfugiés qui mettent le pied sur le sol canadien: l’obstacle de la langue.
Aller à l’épicerie, demander son chemin: pour les nouveaux arrivants, même les tâches les plus ordinaires du quotidien deviennent difficiles sans la possibilité de communiquer.
Parmi les personnes que nous avons rencontrées, seul John Katambwa maîtrisait déjà une des deux langues officielles en arrivant au Canada. Bien que sa langue maternelle soit le swahili, le nouvel arrivant maîtrise parfaitement le français, langue officielle de la République Démocratique du Congo.
En arrivant au Canada, Irina Raduly ne parlait que le hongrois. Safia Narbi et Nedal Najib, eux, ne parlaient que l’arabe. Grâce au cours d’anglais dont ils bénéficient gratuitement, le couple connaît maintenant assez d’anglais pour se débrouiller dans leur vie de tous les jours.
TROUVER UN EMPLOI: MISSION IMPOSSIBLE?
Si les nouveaux arrivants progressent rapidement grâce aux cours de langues mis à leur disposition, sans une bonne maîtrise de l’anglais, trouver un emploi est presque mission impossible.
«En Syrie, je travaillais, je gagnais ma vie. Ici je n’ai pas de travail, parce que mon anglais n’est pas bon. Je suis allé au CCNB (Collège communautaire du Nouveau-Brunswick) pour suivre une formation professionnelle, toutes les personnes qui ont étudié avec moi on trouvé un emploi, mais pas moi», confie Nedal Najib.
Avant la guerre, M. Najib était charpentier. S’il est sans travail pour le moment, il espère que son implication dans ses cours d’anglais et dans ses formations professionnelles changeront bientôt la donne. Sa femme Safia Narbi, travaille de temps à autre comme coiffeuse, profession qu’elle exerçait déjà en Syrie.
John Katambwa, arrivé il y a quatre mois au Canada, n’a lui non plus pas encore trouvé d’emploi.
Malgré sa connaissance parfaite du français, son anglais assez rudimentaire reste un obstacle. Il assiste plusieurs heures par jour aux leçons dispensées par l’AMGM pour remédier à ce problème.
En République démocratique du Congo, M. Katambwa était professeur, tour à tour de langues, de philosophie ou de sciences naturelles. Il craint que la non-reconnaissance de ses diplômes au Nouveau-Brunswick ne l’empêche d’un jour retrouver sa profession.
Une crainte qu’a partagée Irina Raduly en 1991. Institutrice diplômée d’un baccalauréat d’éducation en Roumanie, sa formation n’a pas été reconnue avant quelques années au Canada. Une douleur pour celle qui aimait tout particulièrement sa profession.
«C’était très dur de quitter l’emploi que j’occupais. Ça a été très difficile parce que j’aimais beaucoup mon travail, je pleurais tous les septembres lorsque l’école commençait, mais au Canada, il y avait plus d’opportunités pour mes enfants.»
La nouvelle arrivante est toutefois parvenue à obtenir une équivalence de son diplôme quelques années plus tard, ce qui lui a permis de travailler à quelques reprises comme institutrice suppléante.
Elle a plus tard été diplômée d’un baccalauréat de psychologie de l’Université de Moncton.
Aujourd’hui, Mme Raduly travaille aujourd’hui en tant que conseillère en établissement à l’AMGM, où elle aide à son tour les réfugiés et immigrants à s’établir dans la province.