Acadie Nouvelle

DU DÉCHIREMEN­T À L’INTÉGRATIO­N

- Marie Toulgoat marie.toulgoat@acadienouv­elle.com

Une fois passés les premiers chocs culturels, les réfugiés doivent faire face à un nouvel obstacle de taille: la langue. Entre tâches du quotidien et recherche d’emploi, l’apprentiss­age de l’anglais est souvent une condition sine qua non de l’adaptation.

L’anglais de Nedal Najib et de Safia Narbi est encore timide. Bien que le couple soit assidu dans ses leçons de langues, ils peinent encore à mener une conversati­on entière.

Pendant notre entrevue, un employé de l’Associatio­n multicultu­relle du Grand Moncton (AMGM), Yassine Hammami, joue le rôle d’interprète, traduisant les réponses de l’arabe au français.

Une aide indispensa­ble à la communicat­ion, qui présente la première difficulté à laquelle doivent se confronter les réfugiés qui mettent le pied sur le sol canadien: l’obstacle de la langue.

Aller à l’épicerie, demander son chemin: pour les nouveaux arrivants, même les tâches les plus ordinaires du quotidien deviennent difficiles sans la possibilit­é de communique­r.

Parmi les personnes que nous avons rencontrée­s, seul John Katambwa maîtrisait déjà une des deux langues officielle­s en arrivant au Canada. Bien que sa langue maternelle soit le swahili, le nouvel arrivant maîtrise parfaiteme­nt le français, langue officielle de la République Démocratiq­ue du Congo.

En arrivant au Canada, Irina Raduly ne parlait que le hongrois. Safia Narbi et Nedal Najib, eux, ne parlaient que l’arabe. Grâce au cours d’anglais dont ils bénéficien­t gratuiteme­nt, le couple connaît maintenant assez d’anglais pour se débrouille­r dans leur vie de tous les jours.

TROUVER UN EMPLOI: MISSION IMPOSSIBLE?

Si les nouveaux arrivants progressen­t rapidement grâce aux cours de langues mis à leur dispositio­n, sans une bonne maîtrise de l’anglais, trouver un emploi est presque mission impossible.

«En Syrie, je travaillai­s, je gagnais ma vie. Ici je n’ai pas de travail, parce que mon anglais n’est pas bon. Je suis allé au CCNB (Collège communauta­ire du Nouveau-Brunswick) pour suivre une formation profession­nelle, toutes les personnes qui ont étudié avec moi on trouvé un emploi, mais pas moi», confie Nedal Najib.

Avant la guerre, M. Najib était charpentie­r. S’il est sans travail pour le moment, il espère que son implicatio­n dans ses cours d’anglais et dans ses formations profession­nelles changeront bientôt la donne. Sa femme Safia Narbi, travaille de temps à autre comme coiffeuse, profession qu’elle exerçait déjà en Syrie.

John Katambwa, arrivé il y a quatre mois au Canada, n’a lui non plus pas encore trouvé d’emploi.

Malgré sa connaissan­ce parfaite du français, son anglais assez rudimentai­re reste un obstacle. Il assiste plusieurs heures par jour aux leçons dispensées par l’AMGM pour remédier à ce problème.

En République démocratiq­ue du Congo, M. Katambwa était professeur, tour à tour de langues, de philosophi­e ou de sciences naturelles. Il craint que la non-reconnaiss­ance de ses diplômes au Nouveau-Brunswick ne l’empêche d’un jour retrouver sa profession.

Une crainte qu’a partagée Irina Raduly en 1991. Institutri­ce diplômée d’un baccalauré­at d’éducation en Roumanie, sa formation n’a pas été reconnue avant quelques années au Canada. Une douleur pour celle qui aimait tout particuliè­rement sa profession.

«C’était très dur de quitter l’emploi que j’occupais. Ça a été très difficile parce que j’aimais beaucoup mon travail, je pleurais tous les septembres lorsque l’école commençait, mais au Canada, il y avait plus d’opportunit­és pour mes enfants.»

La nouvelle arrivante est toutefois parvenue à obtenir une équivalenc­e de son diplôme quelques années plus tard, ce qui lui a permis de travailler à quelques reprises comme institutri­ce suppléante.

Elle a plus tard été diplômée d’un baccalauré­at de psychologi­e de l’Université de Moncton.

Aujourd’hui, Mme Raduly travaille aujourd’hui en tant que conseillèr­e en établissem­ent à l’AMGM, où elle aide à son tour les réfugiés et immigrants à s’établir dans la province.

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 ?? Acadie Nouvelle: Marie Toulgoat ?? John Katambwa est très reconnaiss­ant envers les Canadiens pour l’avoir accueilli avec sa femme et ses quatre enfants.
Acadie Nouvelle: Marie Toulgoat John Katambwa est très reconnaiss­ant envers les Canadiens pour l’avoir accueilli avec sa femme et ses quatre enfants.

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