Washington impose des droits sur l’acier et l’aluminium
Les États-Unis ont frappé le Canada, le Mexique et l’Union européenne (UE) de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium dès minuit jeudi soir.
C’est le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, qui a confirmé l’imposition de ces taxes punitives dans une conférence téléphonique avec les médias, jeudi matin.
Le Canada, le Mexique et l’UE avaient été exemptés des droits d’importation de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium lorsqu’ils ont été imposés pour la première fois en mars, mais ces exemptions expireront vendredi.
Le secrétaire Ross a justifié l’imposition de tarifs au Canada et au Mexique en établissant un lien direct avec les pourparlers de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
Il a soutenu que ces discussions prenaient «plus de temps que nous l’avions espéré» et qu’il n’y avait pas de résolution en vue.
Si le Canada et le Mexique choisissent d’adopter des mesures de rétorsion, cela n’affectera pas la capacité de poursuivre la renégociation de l’ALÉNA, a indiqué Wilbur Ross au téléphone.
Au Parti conservateur, le député Maxime Bernier, a regretté cette sanction américaine. «Une guerre commerciale, c’est jamais sain. Donc, ça n’aidera pas les consommateurs d’ici ou les consommateurs américains», a-t-il affirmé en mêlée de presse au parlement.
Son collègue Jacques Gourde est d’avis que le premier ministre doit «continuer à négocier, de (jouer) fair play et jouer encore le bon gars». En même temps, il s’est demandé «jusqu’à quel point qu’on peut avoir un poids avec le gouvernement américain» dans ce dossier.
De son côté, la députée néo-démocrate Karine Trudel – qui représente une circonscription où le secteur de l’aluminium en est un névralgique – a exhorté Justin Trudeau à s’envoler vers Washington immédiatement.
«Le premier ministre devrait prendre l’avion, devrait aller voir directement le président des États-Unis. Puis avoir vraiment une discussion d’homme à homme, sérieux, dans le blanc des yeux, et d’établir un plan d’action», a-t-elle lancé dans le foyer des Communes.
Gabriel Ste-Marie, de Québec debout, a pour sa part exigé du gouvernement fédéral qu’il ne laisse pas «l’aluminium en plan au profit de l’acier», car «l’aluminium c’est au Québec, c’est des milliers d’emplois», a-t-il souligné.
Les députés Trudel et Ste-Marie n’étaient pas prêts à aller jusqu’à réclamer une enveloppe d’aide pour les industries et leurs travailleurs qui seront affectés par les tarifs douaniers de l’administration Trump.
G7 TENDU À L’HORIZON
La décision de l’administration Trump risque d’assombrir considérablement les discussions au sommet du G7 qui s’ouvre samedi prochain à La Malbaie, dans la région de Charlevoix.
Le président risque de se retrouver isolé, avec autour de lui les dirigeants du Canada, de la France, de l’Allemagne, du RoyaumeUni, de l’Italie et les représentants de l’UE.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui est l’un des invités du G7, s’est dit «préoccupé» face à cette décision.
«L’UE estime que ces tarifs unilatéraux des États-Unis sont injustifiés et contraires aux règles de l’Organisation mondiale du commerce», a-t-il réagi par voie de communiqué.
«Ceci est du protectionnisme, purement et simplement», a tranché M. Juncker, disant avoir travaillé étroitement depuis des mois avec Washington pour tenter de régler l’enjeu de la surcapacité dans le secteur de l’acier.
Le premier ministre Justin Trudeau avait tenté un peu plus tôt cette semaine de sauver les meubles, faisant pression sur le vice-président américain Mike Pence.
Il s’était entretenu au téléphone avec ce dernier afin de le convaincre que Washington prolonge l’exemption accordée aux importations canadiennes d’aluminium et d’acier.
Le président de la France, Emmanuel Macron, avait mis les États-Unis en garde, mercredi, contre le déclenchement d’une guerre commerciale si des tarifs douaniers sont imposés à l’Europe.