NON AUX TRAVERSES ARC-EN-CIEL
Le gouvernement provincial demande aux municipalités de ne plus tracer leurs passages pour piétons aux couleurs de la Fierté LGBTQ+.
Plusieurs municipalités ont reçu récemment une lettre du ministère des Transports et de l’Infrastructure les invitant à recourir uniquement à la peinture blanche lors du marquage de la chaussée.
Le ministère appelle à respecter les directives de l’Association des transports du Canada (ATC) qui prévoient que les passages piétonniers doivent être tracés à la peinture blanche.
L’association a récemment mis sur pied un comité national chargé d’examiner «l’utilisation des couleurs et des motifs non conformes» aux passages pour piétons. La province demande de ne plus en tracer jusqu’à la fin de l’examen.
Dans un courriel envoyé lundi soir, un porteparole du ministère explique que le gouvernement s’efforce de suivre les normes établies par l’ATC «pour assurer l’uniformité dans la province et partout au Canada».
«Même si les passages piétonniers aux couleurs de l’arc-en-ciel ne sont pas illégaux, selon les lignes directrices de l’ATC, un passage pour piétons marqué est décrit comme un ensemble de lignes blanches parallèles en travers de la chaussée, accompagné de la signalisation appropriée», écrit Jeremy Trevor.
Cependant, le premier ministre Brian Gallant a pris le contrepied de la position du ministère dans une publication publiée sur les réseaux sociaux lundi après-midi.
«Les municipalités sont autorisées à peindre des passages pour piétons arc-en-ciel - et elles sont encouragées à le faire afin de promouvoir la fierté et l’inclusion.»
L’Acadie Nouvelle a tenté d’obtenir des explications auprès du bureau du premier ministre, sans succès.
Charles MacDougall, coordinateur de Rivière de Fierté, confirme que plusieurs autres municipalités ont contacté son association après avoir reçu la même lettre de la part de la province.
Le porte-parole de l’organisme de défense de la communauté LGBTQ+ du Grand Moncton souhaite que le gouvernement clarifie sa position. «On attend d’être rassurés», dit-il.
L’été dernier, plusieurs municipalités néobrunswickoises avaient suivi le mouvement en signe d’ouverture à la diversité sexuelle et à la pluralité des genres. C’était notamment le cas de Caraquet, Bathurst, Cap-Pelé, Moncton, Saint-Antoine, Bouctouche, Dieppe, Shediac, Memramcook ou encore Rogersville.
La Ville de Moncton, qui peignait des traverses multicolores sur la rue Main, a décidé de respecter la consigne provinciale initiale en attendant les conclusions de l’étude.
«Tant que ce comité n’a pas déposé ses recommandations et que l’ATC n’a pas rendu de décision, la Ville doit respecter les directives en vigueur afin d’assurer comme il se doit la sécurité des piétons et des automobilistes», indique la directrice des communications, Isabelle LeBlanc.
Charles MacDougall ne veut pas voir disparaître un puissant outil de sensibilisation.
«C’est dommage, on croit que la province devrait changer son approche et n’aurait pas dû imposer ça», souligne-t-il. «C’est un moyen fantastique de montrer un appui à la communauté LGBTQ+. Ça se fait partout au Canada, nous sommes désolés qu’ici nous rencontrions cet obstacle.»
Julie Walker, la coordonnatrice générale de l’ATC, précise que le comité ne tiendra aucune consultation publique. Aucun échéancier n’est prévu pour le moment.
En attendant, Rivière de la Fierté propose aux municipalités de continuer à démontrer leur appui en affichant les motifs de l’arc-en-ciel sur les lampadaires, dans les parcs ou à l’entrée des édifices municipaux.
«Nous invitons toute municipalité à participer au Défilé de la fierté le samedi 25 août 2018, peut-on lire dans un communiqué de l’association. Nous encourageons toute municipalité à nous inviter à offrir des formations pour les alliés LGBTQ+. Nous avons confiance que les municipalités du Sud-Est du NouveauBrunswick se démarqueront encore une fois par leur ouverture d’esprit et leurs initiatives.»