LES ÉCRANS, UN DANGER POUR LES ENFANTS
Smartphone, tablette, ordinateur, console de jeu, télévision, l’utilisation massive des écrans représente un grave danger pour le développement moteur et mental des jeunes enfants. Une pédiatre de Moncton sonne l’alarme.
Pédiatre au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont, Dre Geneviève LeBlanc observe sur le terrain les impacts de la révolution numérique sur les jeunes cerveaux.
«On a beaucoup plus de consultations d’enfants qui ont des retards de développement et des retards de langage. Ils perdent en créativité, ne sont pas prêts pour la maternelle», déplore-t-elle.
«Les enfants ne savent plus peinturer, ils ne savent plus découper, ils ne savent plus décorer... parce qu’ils ont un iPad chez eux. Le développement, l’apprentissage, le langage, tout ça est en train de se métamorphoser et on commence seulement à voir l’impact que ça a.»
La télévision est peu susceptible de nourrir l’apprentissage, contrairement aux activités d’exploration et aux échanges directs avec les parents, insiste Dre LeBlanc.
«Il n’y a rien de plus bénéfique que de peinturer, de manipuler des choses et d’avoir un parent qui est là avec toi pour te montrer comment faire. La tablette ne peut pas remplacer ça.»
En octobre 2016, l’Académie de médecine de pédiatrie rappelait que le temps passé sur les écrans par les enfants limitait les autres temps de la vie courante tels que jouer, étudier, discuter ou dormir. Autant d’activités qui participent à la construction physique et mentale des plus jeunes.
«Les problèmes commencent quand les écrans remplacent l’activité physique, l’exploration pratique et l’interaction sociale», souligne l’institution américaine.
Geneviève LeBlanc observe que la plupart des parents ne sont pas conscients des effets nocifs d’une trop grande exposition.
«Il ne faut pas se le cacher, l’écran est une bonne gardienne. Ça stationne les enfants, ils sont comme hypnotisés. Mais une fois qu’on leur enlève, il y a des crises… Les parents ne savent plus quoi faire, ça devient une bataille de tous les instants.» PRIVILÉGIER LES VRAIS ÉCHANGES
La pédiatre encourage les parents à fixer des limites et à trouver un équilibre pour éviter que l’attention de leurs protégés soit concentrée en permanence sur les écrans.
«Ne laissez les écrans allumés quand personne ne les regarde, évitez les télévisions dans les chambres à coucher, les enfants ne devraient pas avoir les yeux fixés sur l’écran dès le matin ou avant le coucher. Il y a une hygiène de vie à avoir et ça commence par les parents. Il faut qu’ils soient des modèles.»
La Société canadienne de pédiatrie appelle d’ailleurs à ne pas exposer du tout les petits de moins de 2 ans et à limiter le temps d’écran à une heure par jour pour les enfants de 2 à 5 ans.
Elle conseille de maintenir des périodes sans écran, particulièrement lors des repas familiaux et pour faire la lecture. L’organisation dit craindre que l’envahissement des médias remplace les échanges directs entre les parents et l’enfant. Elle recommande de privilégier les «vrais échanges», des «jeux actifs» et «du temps de qualité en famille». DE NOMBREUX EFFETS NÉFASTES
D’après une étude de l’université de Toronto publiée en mai 2017, plus un enfant passe de temps devant un écran, plus il a de retard dans l’apprentissage du langage.
Sur près de 900 enfants âgés de 6 mois à 2 ans et suivis de 2011 à 2015, les chercheurs ont observé un risque accru de 49 % de retard de la parole pour chaque demi-heure quotidienne d’écran.
Une étude publiée dans la revue Nature en mai 2017 a également montré que les toutpetits (de 6 à 36 mois) exposés aux écrans en fin de journée ont une durée de sommeil significativement plus courte du fait de la lumière bleue émise par les smartphones et tablettes.
Cette dernière affecte la synthèse de mélatonine, une hormone jouant un rôle important dans le mécanisme du sommeil.
L’excès d’exposition aux écrans aurait également des conséquences sur la vue des 16 à 24 ans, a alerté l’Association française pour l’amélioration de la vue en août 2017. À cela s’ajoutent des problèmes d’obésité, des difficultés de concentration et d’apprentissage ou encore des troubles du comportement et de la communication.