Acadie Nouvelle

LES HOMARDIERS PASSENT LEUR MESSAGE

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Plusieurs centaines de pêcheurs de homard de la Péninsule acadienne ont souligné leur mécontente­ment en jetant des casiers vides devant le Centre culturel de Caraquet, l’édifice dans lequel se trouve le bureau du député fédéral d’Acadie-Bathurst, Serge Cormier.

Le geste posé par les homardiers lors de cet événement organisé par l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM) se voulait symbolique.

Quelque 75 pêcheurs de Miscou sont touchés par la fermeture récente d’une importante zone de 1400 kilomètres carrés dans le golfe du Saint-Laurent après que des baleines noires aient été observées dans la région. Ils doivent retirer leurs casiers de l’eau d’ici vendredi à 17h. On craint d’autres annonces de fermetures temporaire­s au cours des prochains jours.

«Si les baleines continuent de se déplacer dans la baie des Chaleurs, il y a un énorme risque de fermeture qui pourrait affecter les pêcheurs de Caraquet, de Pigeon Hill… Ce ne sera pas seulement Miscou», dit Martin Mallet, directeur général par intérim de l’UPM.

Selon Martin Mallet, les pêcheurs sont en faveur de la protection des baleines noires, une espèce en voie de disparitio­n, mais ils voudraient que Dominic LeBlanc, ministre fédéral des Pêches et des Océans, prenne en compte leurs besoins.

L’UPM aura droit à un autre tête-à-tête avec le ministre LeBlanc vendredi. Le lieu de la rencontre n’a pas été précisé.

Des pêcheurs présents au rassemblem­ent ont d’ailleurs profité de la présence des médias pour réclamer la démission du ministre LeBlanc.

Martin Mallet n’est pas prêt à aller aussi loin pour l’instant.

«Au niveau de l’UPM, on veut pouvoir continuer de travailler avec le ministre LeBlanc. Je pense qu’il y a moyen de s’entendre à un moment donné. Il semble avoir de bonnes intentions, mais il aussi de la mauvaise informatio­n.» PÊCHEURS INQUIETS

La vie de Russell Vibert, de Miscou, gravite autour de la pêche depuis sa tendre jeunesse.

«Mon père, mon grand-père et mon arrière-grand-père étaient des pêcheurs.»

En début de semaine, un avis a été émis par Pêches et Océans pour annoncer la fermeture temporaire d’un minimum de 15 jours de 10 quadrilatè­res de pêche entre Miscou et la Gaspésie. Russell Vibert est toujours sous le choc.

«Je n’aurais pu jamais m’imaginer que la situation avec les baleines noires toucherait l’industrie de la pêche au homard. Tout le monde nous disait que ça pourrait arriver, mais personne ne le croyait vraiment jusqu’à ce que ça arrive. Je n’y crois pas encore. Je n’ai jamais entendu parler d’une baleine qui s’est empêtrée dans de l’équipement de pêche au homard.»

À moins d’un avis contraire, M. Vibert et ses homologues doivent lever les casiers vendredi avant 17h. L’homme, qui donne des formations de sécurité en mer, craint que les conditions marines soient trop dangereuse­s.

«Il y a énormément de vent ces temps-ci et la mer est houleuse. Ce ne serait pas sécuritair­e pour nous de retirer nos trappes dans ces conditions.»

Lors d’une conférence téléphoniq­ue, jeudi après-midi, Pêches et Océans Canada s’est montré ouvert à prolonger la date d’échéance si nécessaire.

«La sécurité des pêcheurs est notre préoccupat­ion principale. Si les conditions empêchent les gens de retirer leurs casiers de façon sécuritair­e, on changera la date», a dit Adam Burns, directeur général en gestion des ressources halieutiqu­es.

M. Burns maintient que les mesures mises en place par Pêches et Océans combinées avec les limites de vitesse de navigation imposées par Transports Canada demeurent le meilleur moyen de protéger les baleines noires.

«Les mesures ont un réel impact sur les pêcheurs, les transforma­teurs et les communauté­s du Canada atlantique, mais les risques à long terme sont bien réels.»

Les baleines noires sont une espèce en voie de disparitio­n. Il n’en resterait que 450 dans le monde entier. Douze baleines ont été trouvées mortes dans les eaux du golfe du Saint-Laurent en 2017. Des nécropsies ont permis de conclure que plusieurs décès ont été causés par l’empêtremen­t avec de l’équipement de pêche ou des collisions avec de grands navires.

«Depuis le début, on dit qu’il y a plusieurs options pour cohabiter avec les baleines. Il n’y a eu aucune flexibilit­é de la part du gouverneme­nt pour conserver une pêche côtière cette saison.»

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Des homardiers ont jeté des casiers vides devant le Centre culturel de Caraquet, où se trouve le bureau du député fédéral Serge Cormier. - Acadie Nouvelle: David Caron
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david.caron@acadienouv­elle.com @dacadie87

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