Acadie Nouvelle

Accident de travail à Caraquet: «La mort de mon frère nous a détruits»

L’entreprise D-Canaco Trading a essuyé un revers, mardi après-midi, en Cour provincial­e de Caraquet. Elle n’obtiendra pas la copie de l’enquête menée par des inspecteur­s fédéraux, à la suite de l’accident de travail mortel qui s’est produit le 14 mai 2016

- Vincent Pichard vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Il y a deux ans, Gérald Doiron a perdu la vie sur le quai de Caraquet, pendant le déchargeme­nt d’une cargaison de glace. Le défunt était un chauffeur de Trans Provincial­e Ltee.

Le 14 mai 2016, il a conduit un camion rempli de glace de Lamèque jusqu’au port de Caraquet où des employés de D-Canaco Trading devaient la transvider dans la cale d’un crevettier amarré.

Pendant l’opération, Gérald Doiron s’est retrouvé enseveli, ce qui lui a coûté la vie. Trois autres personnes ont été blessées.

Après ce dramatique accident, deux enquêtes ont été entamées pour en expliquer les causes et son déroulemen­t exact: l’une par Travail sécuritair­e NB (elle visait D-Canaco Trading), l’autre par Emploi et Développem­ent social Canada (elle visait Trans Provincial­e Ltee).

La première a mis en exergue que l’entreprise de Caraquet n’a pas respecté la Loi sur l’hygiène et la sécurité au travail. C’est pourquoi son responsabl­e se retrouve aujourd’hui convoqué au tribunal. En février, il a plaidé non coupable. Deux jours de procès sont programmés en juillet.

Afin de préparer au mieux la défense de son client, Me Denis Boudreau avait récemment déposé une requête pour consulter le dossier constitué par le ministère fédéral. Celle-ci a été rejetée.

Selon le Code du travail canadien, ce type d’enquête fait l’objet d’un privilège qui en interdit toute divulgatio­n ou publicatio­n. Aussitôt la décision rendue, Me Boudreau s’est refusé de faire le moindre commentair­e.

Il y avait peu de monde dans la salle, mardi.

Assise au fond, Johanne Doiron a attentivem­ent écouté les débats. Elle est la soeur de Gérald Doiron et se déplace pour toutes les comparutio­ns dans cette affaire. «J’ai hâte que tout ça finisse.» Elle avoue être encore hantée par ce qui s’est passé, il y a deux ans. Ses parents restent tout aussi marqués.

«La mort de mon frère nous a détruits. Il était le pilier de la famille. Il avait ses défauts et ses qualités comme tout le monde. Mais c’était surtout quelqu’un de bon, toujours prêt à aider.»

Johanne Doiron raconte que depuis le drame, son père refuse de célébrer son anniversai­re.

«C’est le 15 mai. L’accident est arrivé un 14 mai. Il associe maintenant sa fête à la disparitio­n de son fils.» «ON MÉRITE PLUS D’EMPATHIE»

Rongés par la peine, Johanne et ses proches se heurtent à la froideur du système judiciaire. Ils ont le sentiment que le décès de leur être cher est traité comme un vulgaire cas.

«Gérald était un fils, un frère, un parrain, un ami. On mérite plus d’empathie», exprime la soeur éplorée.

Elle et ses parents ont l’intention d’assister au procès des 19 et 20 juillet, en espérant que ce jugement sera le dénouement qui leur permettra de faire leur deuil.

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Cela fait deux ans que Gérald Doiron a perdu la vie dans un accident de travail, sur le quai de Caraquet. Il est resté enseveli sous la glace pendant une heure et demie. - Archives

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