Accidents du travail: la vérificatrice général dresse un piètre bilan de l’agence provinciale
Une société de la Couronne en perte d’indépendance, un conseil d’administration paralysé et des dirigeants grassement rémunérés; la vérificatrice générale dresse un piètre bilan de la gouvernance chez Travail sécuritaire NB.
C’est à la demande du gouvernement que Kim MacPherson s’est penchée sur les rouages au sommet de l’agence provinciale chargée d’administrer le système de compensation pour les travailleurs blessés.
Fredericton s’inquiète pour l’avenir du système alors que les cotisations réclamées aux employeurs ne cessent d’augmenter et que la durée des arrêts de travail s’allonge.
Dans son rapport, présenté cette semaine à un comité de députés, la vérificatrice accuse le gouvernement d’avoir «affaibli l’indépendance» de Travail sécuritaire NB.
Elle affirme notamment que le gouvernement a créé une apparence de conflit d’intérêts en 2015 en nommant un haut fonctionnaire du ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail à la présidence du conseil d’administration de l’agence.
«L’indépendance par rapport au gouvernement est importante pour un conseil d’administration qui prend des décisions et surveille un organisme financé par les employeurs du Nouveau-Brunswick», confie Mme MacPherson dans son rapport.
De plus, Fredericton a décidé de nommer cet individu à temps plein alors que la loi stipule qu’il s’agit d’un poste à temps partiel. La rémunération annuelle de la présidence a du même coup triplé pour atteindre 150 000$.
Avant cette nomination, l’absence simultanée d’une présidence et d’une vice-présidence durant presque quatre mois a rendu le conseil «incapable de fonctionner efficacement», ajoute la vérificatrice.
Pourtant, le ministère de l’Éducation postsecondaire «savait bien à l’avance la date de la fin du mandat» des membres du conseil, affirme-t-elle.
Après le départ du président-directeur général de Travail sécuritaire NB en 2016, la société de la Couronne a passé presque 17 mois sans PDG permanent.
«Le personnel de la société nous a informés que des décisions importantes (...) avaient été retardées jusqu’à ce qu’un PDG permanent soit trouvé», déplore Kim MacPherson.
De plus, le conseil d’administration ne fait «aucun examen annuel» du travail du PDG.
Mme MacPherson constate aussi dans son rapport que la rémunération des cadres supérieurs de l’agence est «plus élevée» que celle de la fonction publique, et ce, malgré une directive explicite du gouvernement.
Les allocations de voiture, les congés et les avantages sociaux chez Travail sécuritaire NB sont également «plus généreux» qu’ailleurs au gouvernement.
«TROUBLANTES ET DÉCEVANTES»
Le chef de l’opposition officielle, Blaine Higgs, a qualifié de «troublantes» et «décevantes» les révélations de la vérificatrice générale au sujet de la société de la Couronne.
«C’est décevant de voir que l’indépendance de Travail sécuritaire NB a été mise en péril», a-t-il dit.
Le directeur des affaires provinciales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, Louis-Philippe Gauthier, a déploré quant à lui l’opacité de l’agence.
«Nous avons vraiment besoin de structures qui sont redevables aux contribuables (...) aux travailleurs et aux entreprises. Nous avons besoin de savoir ce qui se passe. De toutes évidences, il y a eu des lacunes importantes de gouvernance.»
Les recommandations de la vérificatrice générale ont été acceptées par le gouvernement et par la société de la Couronne.
«Les défis chez Travail sécuritaire sont nombreux et importants et nous prenons la situation au sérieux», a indiqué le président du Conseil du trésor, Roger Melanson.
«Le conseil d’administration a embauché un nouveau PDG qui semble très compétent et qui souhaite s’occuper de ces défis.»
Kim MacPherson publiera un deuxième rapport sur la gestion des réclamations des travailleurs blessés par Travail sécuritaire NB plus tard cette année.