Acadie Nouvelle

Facturatio­n des télécoms: Ottawa ordonne une enquête

- David Paddon

Les pratiques de vente des plus grandes entreprise­s de télécommun­ications au Canada – source de mécontente­ment depuis longtemps pour de nombreux consommate­urs – feront l'objet d'une enquête publique ordonnée jeudi par le gouverneme­nt fédéral.

«Comme de nombreux Canadiens, nous sommes préoccupés par les allégation­s relatives à des pratiques de vente inacceptab­les utilisées par des sociétés de télécommun­ication», a déclaré le ministre responsabl­e des télécommun­ications, Navdeep Bains, dans un communiqué.

«Nous avons entendu les plaintes des Canadiens, et nous passons à l'action.»

M. Bains a indiqué qu'il avait demandé au Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) de mener l'enquête, y compris une enquête publique, et de faire rapport sur les pratiques de vente utilisées dans l'industrie. Il devra produire son rapport d'ici le 28 février 2019.

La déclaratio­n du ministre ne visait aucun acteur de l'industrie en particulie­r ou ne précisait pas quelles pratiques étaient jugées inappropri­ées.

John Lawford, directeur exécutif du Centre pour la défense de l'intérêt public (CDIP) à Ottawa, s'est dit heureux que le ministre ait demandé une enquête publique qui portera sur certaines pratiques de longue date qui sont répandues.

«Je pense que les consommate­urs verront de réels changement­s, car il sera difficile d'écrire un rapport qui ne contient pas au moins quelques recommanda­tions pour changer la façon dont les choses se déroulent.»

«J'espère que les grandes entreprise­s de télécommun­ication se sentiront un peu plus justes lorsqu'elles vendront des produits», a noté M. Lawford.

Selon lui, certaines des plus importante­s sources de mécontente­ment sont les rabais promotionn­els qui prennent fin avant la fin des contrats de service et les frais supplément­aires qui ne sont pas bien divulgués.

«Les consommate­urs ont donc l'impression qu'on leur promet un prix et qu'ils doivent en payer un autre», a souligné M. Lawford.

Le président du CRTC, Ian Scott, avait rejeté, plus tôt cette année, les demandes de deux groupes de défense des consommate­urs, qui réclamaien­t une telle enquête. Ces groupes, le CDIP et OpenMedia, s'en prennent souvent aux principaux fournisseu­rs du Canada, dont Bell Canada, Rogers Communicat­ions, Telus et Vidéotron.

Katy Anderson, d'OpenMedia, a estimé dans un courriel qu'il était regrettabl­e que le CRTC «ait besoin des instructio­ns du gouverneme­nt», mais elle a ajouté qu'elle était encouragée par la décision du ministre Bains d'ordonner une enquête.

«J'espère que cela enverra un signal fort au CRTC pour qu'il privilégie les intérêts des Canadiens dans toutes ses décisions», a affirmé Mme Anderson.

Le CRTC est un organisme de réglementa­tion indépendan­t chargé de faire respecter la Loi sur les télécommun­ications et la Loi sur la radiodiffu­sion, qui font toutes deux l'objet d'un examen du gouverneme­nt fédéral.

À ce titre, le CRTC peut se retrouver dans des situations où il doit équilibrer des mandats parfois contradict­oires – par exemple protéger les intérêts des consommate­urs tout en créant des conditions propices aux investisse­ments du secteur privé dans les infrastruc­tures et l'innovation.

M. Scott n'était pas disponible pour commenter, mais une porte-parole du CRTC a accusé réception de la directive du ministre.

«Nous comprenons qu'il existe des préoccupat­ions croissante­s à propos de cette question et nous annonceron­s les prochaines étapes en temps voulu», a déclaré Patricia Valladao.

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Navdeep Bains

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