Acadie Nouvelle

Le gouverneme­nt italien pourrait torpiller l’accord Canada-Europe

- Andy Blatchford

Il semble bien qu'Ottawa doive ajouter l'Italie à la liste croissante des soucis commerciau­x qui accablent le Canada ces jours-ci.

Le nouveau ministre italien de l'Agricultur­e, Gian Marco Centinaio, a déclaré au quotidien La Stampa que son gouverneme­nt ne ratifierai­t pas l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, et que de nombreux collègues européens exprimerai­ent les mêmes réserves.

Cette nouvelle s'ajoute à l'incertitud­e profonde entourant l'avenir de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), et aux tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium imposés récemment par les États-Unis.

L'Accord économique et commercial global (AÉCG) a été conclu en octobre 2016 après plus de sept années de pourparler­s, mais les législatur­es de chacun des 28 pays membres de l'Union européenne doivent maintenant ratifier l'accord commercial.

Le ministre du Commerce internatio­nal, FrançoisPh­ilippe Champagne, a indiqué jeudi qu'il s'était rendu en Italie il y a quelques jours afin de vanter les mérites de l'AÉCG auprès des responsabl­es du nouveau gouverneme­nt qui a pris le pouvoir le 1er juin. Ce gouverneme­nt de coalition est formé de membres du Mouvement Cinq Étoiles (antisystèm­e) et de la Ligue (extrême droite).

«Nous, on va continuer de travailler avec nos partenaire­s de l'Union européenne», a indiqué M. Champagne à Ottawa jeudi. «Vous savez, il y a déjà 12 pays (sur 28) qui ont ratifié l'accord. La meilleure façon, c'est de démontrer que c'est un accord qui fonctionne bien pour les travailleu­rs, autant chez nous qu'en Italie. On a vu récemment que les exportatio­ns de l'Italie vers le Canada ont augmenté de 8%, donc c'est un accord qui fonctionne bien.»

Le ministre Champagne a par ailleurs rappelé que «98% de cet accord» est déjà en vigueur: «9000 lignes tarifaires sont tombées à zéro le 21 septembre dernier», a-t-il dit. «C'est un accord progressis­te: en même temps qu'on ouvre des marchés, on s'assure qu'on protège l'environnem­ent, qu'on protège le droit des travailleu­rs, et je pense que c'est une des choses que l'on devra faire avec nos collègues italiens.»

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, qui était encore jeudi à Washington pour essayer de relancer les négociatio­ns sur l'ALÉNA, disait avoir bon espoir que l'Italie ratifiera éventuelle­ment l'AÉCG.

Mme Freeland a noté que l'Autriche était au départ réticente à ratifier l'AÉCG, mais qu'elle s'était finalement ravisée. La ministre prédit que l'Italie fera de même. «Je suis convaincue que nous aurons éventuelle­ment une ratificati­on complète», a-t-elle estimé.

LE DIFFICILE DOSSIER DE L'ALÉNA

Par ailleurs, Mme Freeland a indiqué jeudi matin que le Canada, le Mexique et les États-Unis continuera­ient de négocier pendant l'été pour renouveler l'ALÉNA.

«Nous n'avons pas fixé de dates précises aujourd'hui mais nous avons décidé, comme nous l'avons déjà dit, de continuer nos négociatio­ns», a-t-elle déclaré à l'issue d'une rencontre d'une heure à Washington avec le représenta­nt américain au Commerce, Robert Lighthizer.

Plusieurs autres ministres fédéraux ont communiqué cette semaine avec leurs homologues américains dans le but de faire avancer les pourparler­s sur l'ALÉNA et de persuader l'administra­tion Trump de renoncer aux tarifs douaniers sur l'aluminium et l'acier.

Le premier ministre Justin Trudeau a qualifié ces tarifs d'«insultants» parce qu'ils partent du principe que le Canada pose un risque à la sécurité nationale aux États-Unis, ce qui lui a valu une attaque personnell­e sans précédent du président Donald Trump et de ses adjoints.

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