Acadie Nouvelle

Le Temple de l’injustice

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Le 1er mai 1879, il y a de cela 139 ans, un certain William Phillips, dit Silver Bill, effectue ses débuts dans le baseball majeur à l’âge de 22 ans avec les Blues de Cleveland dans la Ligue nationale. Originaire de SaintJean au Nouveau-Brunswick, il devient du même coup le premier Canadien à réaliser l’exploit.

Ce joueur de premier but, réputé pour sa grosse moustache, son gabarit imposant et la qualité de son jeu défensif, disputera 10 saisons dans les Majeures. Outre les Blues, dont il portera les couleurs jusqu’en 1884, Silver Bill évoluera également pour les Grays de Brooklyn, de 1885 à 1887, puis les Cowboys de Kansas City en 1888.

Il est également l’auteur du premier coup de circuit réalisé par un joueur canadien, exploit qu’il accomplira à sa deuxième campagne en 1880. En 1887, il produira également 101 points, devenant du même coup le second Canadien à y arriver pendant une saison après Tip O’Neill, un autre Néo-Brunswicko­is, la saison précédente.

Samedi, Bill Philipps a fait son entrée dans le club des immortels du sport néo-brunswicko­is en compagnie de l’équipe de hockey de 1989-1990 des Aigles Bleus de l’Université de Moncton, du footballeu­r Al Charuk, le cavalier équestre Rob Stevenson, l’entraîneur de hockey Bob Deap et le fondateur de l’institut de taekwondo Chung Won de Moncton, Maître Chung.

Je ne sais pas pour vous, mais il était plus que temps que Silver Bill Phillips fasse son entrée. C’en était ridicule de ne pas le voir en compagnie des autres immortels. Et honnêtemen­t, il devrait être au Temple depuis le début des années 1970. Sa place dans l’histoire du sport est aussi importante que ne l’a été celle d’Yvon Durelle, de Willie O’Ree, de Ron Turcotte ou de Gordie Drillon.

En fait, la non-présence de Silver Bill au temple était une aussi grande injustice que sont (malheureus­ement toujours) les cas du kick-boxeur Jean-Yves Thériault, du coureur de steeplecha­se et double olympien Joël Bourgeois, ou encore du père des Jeux de l’Acadie JeanLuc Bélanger.

Comment se fait-il qu’un tel organisme n’ait pas les coudées franches pour immortalis­er chaque année un athlète, un bâtisseur ou une équipe dont les exploits sont d’une telle logique qu’ils ou elles ne devraient pas avoir à passer au peigne fin d’un comité de sélection?

Parce qu’actuelleme­nt, je ne vous cacherai pas qu’il m’est difficile de prendre au sérieux un tel temple quand il y a autant de grands oubliés. C’est non seulement injuste, mais ça enlève aussi beaucoup de saveur à ce que devrait vraiment être l’entrée d’une personne ou d’une équipe au panthéon des immortels du sport.

Croyez-vous vraiment que les intronisés ne sont pas conscients du non-sens que sont les absences de Jean-Yves Thériault, Joël Bourgeois et Jean-Luc Bélanger à leurs côtés?

L’année prochaine, la cérémonie sera présentée, semble-t-il, à Bathurst. J’espère non seulement que Jean-Yves, Joël et Jean-Yves seront intronisés, mais j’ose croire qu’on profitera aussi de l’occasion pour immortalis­er la triple paralympie­nne Lucie Raîche, qui est originaire d’Allardvill­e et qui habite depuis plusieurs années à Petit-Rocher.

Et tandis que j’y suis, je vous signale que plusieurs autres grands athlètes, bâtisseurs et clubs attendent leur tour, dont le boxeur Joey Durelle, la coureuse Wendy Phillips, l’entraîneur de lutte olympique Michel Côté, les lutteurs Émile Dupré, Léonce Cormier (Leo Burke) et Yvon Cormier (The Beast), la judoka Myriam Lamarche, les baseballeu­rs Larry McLean et Tom Daly, les bâtisseurs en boxe Jerry Doiron Sr, Jerry Doiron Jr et Freddy Corrigan, les footballeu­rs Eugène Belliveau et Bill Hatanaka, le patineur artistique Shawn Sawyer, le volleyeur Éric LeBreton, les hockeyeurs Guy Dupuis, Hilliard Graves, Forbes Kennedy, Eddie Wiseman, George Allen et Randy Jones, l’archer Hermel Volpé, le bâtisseur multisport­s Jean-Guy Robichaud, les équipes de hockey du Titan d’AcadieBath­urst (1999-2000), des Wildcats de Moncton (2005-2006) et des Aigles Bleus de l’Université de Moncton (1994-1995), l’équipe de balle molle des Bradors de Petite-Rivière-de-l’Île, l’équipe de ballon sur glace des Pigeons de Pigeon Hill, etc.

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William Phillips

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