Position canadienne «navrante»
Un autre signataire de la lettre, Rémi Bachand, qui est professeur de droit à l’Université du Québec à Montréal, juge que la politique étrangère du Canada dans le dossier du conflit israélo-palestinien manque d’impartialité. Il dit avoir posé le geste «assez rare» de signer une lettre ouverte pour plaider en faveur d’une position «beaucoup plus équilibrée», et demander qu’Ottawa «soit beaucoup plus fort dans son discours (...) dans les cas où il y a des violations du droit humanitaire». La professeure Dyala Hamzah, qui a aussi signé, va encore plus loin. Le Canada «fait preuve d’une hypocrisie absolument navrante» en disant «soutenir une résolution à deux États» tout en évitant de «condamner (...) la continuation de la colonisation», s’est-elle insurgée. Et ce refus de condamner, c’est «parce que le vote de certains électeurs et les intérêts économiques (avec Israël) sont, pour le maintien au pouvoir du premier ministre, beaucoup plus précieux que la vie et la liberté de deux millions de personnes», a-t-elle balancé. «Le discours “c’est la faute au Hamas”, particulièrement ignominieux, est, dans ce contexte, très utile», a conclu dans un échange de courriels Mme Hamzah, qui est chercheuse au Centre d’études et de recherches internationales (CÉRIUM) de l’Université de Montréal. Le communiqué publié le 16 mai dernier par le bureau du premier ministre ne fait pas mention du Hamas. Quelques jours après, le chef conservateur Andrew Scheer avait réclamé pour cela un acte de contrition de Justin Trudeau. «Les émeutes ayant mené à ces morts ont été orchestrées par le groupe terroriste Hamas (...) Le premier ministre s’excusera-t-il de sa déclaration maladroite et se joindra-til à moi pour condamner le rôle qu’a joué le Hamas?», lançait-il en Chambre le 22 mai dernier. La ministre Chrystia Freeland avait pris la question. «Le Canada demande une enquête indépendante en vue de déterminer la façon dont les agissements de toutes les parties concernées ont contribué à ces événements, notamment l’incitation à la violence par le Hamas, qui a été rapportée», avait-elle indiqué.