«LA GÉRANCE DU MINISTÈRE N’EST PAS CORRECTE»
Le ministère a annoncé, samedi, la fermeture d’une nouvelle zone de pêche au large de l’île Miscou et des côtes gaspésiennes. Cette décision entrera en vigueur mardi après-midi.
Comme les précédentes, la mesure a pour but de préserver les baleines noires. Ce qui agace et handicape les pêcheurs de la Péninsule acadienne. Ceux de Val-Comeau, qui vont et viennent à quelques milles des côtes, ne se sentent pas concernés.
«Je n’ai pas vu une seule baleine depuis le début de la saison», clame l’un d’eux.
Mal à l’aise face à un journaliste, il préfère taire son nom. Malgré tout, lui et ses confrères subissent les diktats d’Ottawa. Pour Réjean Comeau, pêcheur depuis 40 ans, ces décisions n’ont pas de bon sens.
«La gérance du ministère n’est pas correcte. Le gouvernement panique et nous prend en otage. Tout ça pour plaire aux États-Unis. Ils sont déconnectés de la réalité», commente-t-il.
Réjean Comeau comprend d’autant moins que Dominique LeBlanc, ministre de Pêches et Océans, est originaire du N.-B.
«Il est de chez nous. Il devrait savoir ce qu’on vit et les particularités de notre industrie.»
Notre premier interlocuteur déplore lui aussi ces opérations séduction pour contenter le voisin américain.
«On est trop dépendant des États-Unis. C’est le temps de trouver d’autres marchés. Ça m’inquiète parce que ça montre qu’on n’est pas propriétaire de nos propres ressources.»
Dans les eaux, au large de Tracadie, la bousculade ne se fait pas sentir. Les pêcheurs n’empiètent pas sur le territoire des autres. Quoique deux femmes de pont interrogées en plein débarquement de leur cargaison de ce dimanche nous révèlent avoir observé plus de bouées de trappes qu’à l’accoutumée.
«C’est surtout ces derniers jours qu’on en a vu des nouvelles», affirment-elles.
Interdits de se rendre dans le secteur où ils ont leurs habitudes, certains professionnels sont contraints de changer de cap.
«Mes amis qui pêchent du côté de Miscou me disent que c’est galère. Ils sont trop nombreux. C’est parfois une vraie foire d’empoigne», confie Réjean Comeau.
Toutes celles et ceux qui ont accepté de répondre à nos questions, dimanche, s’accordent à dire qu’ils ont été pris de court et mis devant le fait accompli par le gouvernement.
«On prend notre mal en patience, mais l’année prochaine ça ne se passera pas comme ça. Tout devra être réglé avant l’ouverture de la saison. S’il faut aller à Ottawa et occuper les bureaux, on ira. Les experts, c’est nous. On n’a pas besoin des Américains pour nous dire où et comment pêcher», insiste Réjean Comeau.