Acadie Nouvelle

Assouplir les règles de la municipali­sation

Michelle Landry et Julie Guillemot Professeur­es à l’UdeM, Campus de Shippagan

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Le 25 mai, l’Acadie Nouvelle rapportait que la communauté de Notre-Dame-de-Kent relançait le projet de s’incorporer en communauté rurale. En 2014, lors du plébiscite concernant un projet un peu plus vaste regroupant le DSL de Dundas, le DSL de Shediac River/Shediac bridge et des parties du DSL de Shediac, du DSL de Moncton, le «oui» et le «non» étaient arrivés ex æquo. Selon l’Acadie Nouvelle, cette fois, le projet sera plus restreint et les autres communauté­s seront invitées à se regrouper ultérieure­ment.

Les premiers résultats d’une recherche que nous menons sur les projets de municipali­sation dans la province nous laissent penser qu’il s’agit d’une bonne stratégie de la part des acteurs locaux de Notre-Dame-de-Kent. En effet, nos résultats préliminai­res montrent que conjuguer les enjeux de regroupeme­nt et de municipali­sation dans un seul et même projet complexifi­e les enjeux et diminue les chances de réussite du projet. Afin de s’assurer que les communauté­s rurales aient les moyens d’assurer l’administra­tion de leur territoire, le ministère a fixé des seuils de viabilité qui sont actuelleme­nt de 200 millions $ d’assiette fiscale ou de 3000 habitants. Nos résultats préliminai­res tendent à indiquer que le gouverneme­nt provincial devrait assouplir ces seuils, prioriser la municipali­sation des communauté­s et trouver des solutions novatrices pour assurer leur viabilité ou encourager les regroupeme­nts dans une deuxième étape.

Doubler l’objectif d’augmenter le pourcentag­e de la population doté d’une forme de gouverneme­nt local avec un objectif de rationalis­ation de l’administra­tion du territoire équivaut à courir après deux lièvres à la fois. Le défi est d’autant plus grand qu’au Nouveau-Brunswick et ailleurs, les projets de regroupeme­nt, annexion ou fusion sont en général très impopulair­es. Bien qu’il y ait une crainte de voir les impôts fonciers augmenter, bien d’autres enjeux font échouer les projets. Et les opposants aux projets font ainsi souvent référence à l’aspect regroupeme­nt. Plusieurs craignent notamment que les décisions prises par un conseil représenta­nt un très vaste territoire ne correspond­ent pas aux besoins de leurs localités. Parmi les solutions novatrices entendues qui permettrai­ent la municipali­sation de plus petites communauté­s, soulignons celle de déléguer dans ces cas le contrat de la gestion municipale à la Commission de services régionaux.

Rappelons que la situation actuelle du Nouveau-Brunswick où le tiers de sa population est sans gouverneme­nt local est très certaineme­nt un frein à l’aménagemen­t du territoire et au développem­ent local. Cette situation remonte aux années 1960. Or les gouverneme­nts locaux jouent des rôles beaucoup plus importants dans la vie quotidienn­e des gens et dans le dynamisme des communauté­s aujourd’hui qu’à l’époque. Les gouverneme­nts locaux sont devenus au fil du temps des acteurs incontourn­ables pour le développem­ent économique et rural, l’établissem­ent de familles de la communauté ou d’ailleurs, sans oublier le rôle qu’ils peuvent jouer dans l’aménagemen­t linguistiq­ue, la procuratio­n de services en français et l’organisati­on d’activités communauta­ires, récréative­s et sportives en français.

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