Acadie Nouvelle

La Russie utilise le cannabis pour écorcher le Canada

Moscou exploite l'enjeu de la légalisati­on du cannabis comme prétexte pour critiquer Ottawa - et, accessoire­ment, pour tenter de semer la bisbille entre le Canada et ses alliés du G7.

- Mélanie Marquis

L'ambassade de Russie au Canada a récemment consacré quelques gazouillis à la question, relayant sur son compte Twitter officiel des messages du ministère russe des Affaires étrangères ainsi que de l'ambassade russe au Royaume-Uni, entre autres.

Un de ces gazouillis, publié lundi, contient une déclaratio­n émise vendredi dernier par le gouverneme­nt de la Russie, qui reproche au gouverneme­nt canadien d'avoir «délibéréme­nt choisi de violer ses obligation­s juridiques internatio­nales» en légalisant le cannabis.

Le Canada contrevien­dra à trois traités internatio­naux dont il est signataire lorsque la légalisati­on entrera en vigueur. La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, qui entretient des relations glaciales avec Moscou, a confirmé en mai qu'Ottawa ne s'en retirerait pas.

Face à cette situation, la diplomatie russe dit s'attendre à ce que les pays membres G7 condamnent la démarche canadienne. Car cette alliance, plaide le Kremlin, a déclaré à répétition qu'elle adhérait à la «dominance du droit internatio­nal sur les relations entre les États». Et la «libéralisa­tion de la drogue» menée par les autorités canadienne­s posera un sérieux obstacle «à l'atteinte du but stratégiqu­e établi par la communauté mondiale construire une société sans drogue», peut-on lire dans la déclaratio­n du ministère russe des Affaires étrangères.

L'ambassade russe au Canada a aussi utilisé les munitions additionne­lles que lui a fournies un organisme internatio­nal responsabl­e du suivi de la mise en oeuvre, par les gouverneme­nts, des traités internatio­naux en matière de contrôle de drogues.

Sur son compte Twitter, la mission diplomatiq­ue russe au Canada a relayé mardi après-midi un communiqué de l'Organe internatio­nal de contrôle des stupéfiant­s (OICS). L'organisati­on y «note avec grande inquiétude» l'adoption du projet de loi sur la légalisati­on du cannabis.

La Russie a été éjectée du club des puissances mondiales en 2014 en raison de l'annexion illégale de la Crimée. Le président américain Donald Trump avait jeté un pavé dans la mare avant le sommet du G7 à La Malbaie, début juin, en proposant de réintégrer le pays de Vladimir Poutine.

D'ailleurs, l'attention de l'ambassade du Canada en Russie s'est tournée mercredi après-midi sur l'annonce d'un sommet à venir entre le locataire de la Maison-Blanche et l'homme fort de Moscou.

Les traités que violera Ottawa sont la Convention unique sur les stupéfiant­s de 1961, la Convention sur les substances psychotrop­es de 1971 ainsi que la Convention des Nations unies contre le trafic illicite de stupéfiant­s et de substances psychotrop­es de 1988.

S'en retirer serait «nuisible», car ces traités encadrent «la circulatio­n de plus d'une centaine de drogues et de substances, incluant plusieurs qui jouent un rôle dans la crise des opioïdes qui sévit actuelleme­nt en Amérique du Nord», avait plaidé Mme Freeland en comité sénatorial.

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– Associated Press: Jeff Chiu

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