Bois d’oeuvre: l’industrie se porte bien au N.-B., mais pour combien de temps encore ?
Une donnée publiée par Statistique Canada indique que la production de bois d’oeuvre par les scieries canadiennes a augmenté de 0,5% par rapport à mars. Il semblerait donc que la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis n’a pas encore eu d’impact
L’organisation Forêt NB compte en ses rangs plusieurs producteurs de bois d’oeuvre. Sans avancer de chiffres concrets, son directeur général, Mike Légère, confirme tout de même que l’industrie du bois d’oeuvre au Nouveau-Brunswick ne souffre pas outre mesure – du moins pour le moment – de ce différend commercial avec le voisin du sud. En fait, la situation au Nouveau-Brunswick semble vouloir suivre la tendance de celle du reste du pays, soit une production à la hausse.
«J’ai abordé le sujet avec mes membres tout récemment et oui, en dépit des perturbations que l’on connaît, on parle dans l’ensemble d’une augmentation de production depuis quelques mois. L’industrie fonctionne bien, à plein régime. Ce qui est intéressant également, c’est que certaines usines m’ont confié avoir vu au même moment une hausse au niveau de leurs exportations de bois de sciage vers les États-Unis. C’est très positif lorsqu’on prend tout le contexte actuel», estime M. Légère.
Le DG soutient que cette hausse des exportations est attribuable à la bonne performance du marché des mises en chantier et de la rénovation domiciliaire au États-Unis. Ainsi, les tarifs douaniers imposés par le voisin du sud ne semblent pas avoir découragé les acheteurs.
«Il y a un grand segment de la population qui tombe en ce moment entre 25 et 30 ans. Là, ils veulent avoir une place à eux. Ce sont eux qui font virer le marché du logement. Les experts prévoient cinq bonnes années à ce chapitre, peut-être même plus. C’est donc positif pour nous», dit-il.
M. Légère prévient toutefois que cette si- tuation peut rapidement changer.
«Ça s’est déjà vu par le passé, lors des crises précédentes. C’est plus calme au départ, mais c’est par la suite que ça fait mal, car ça ne peut pas rester comme cela indéfiniment avant que le marché se réajuste. Il va falloir que les tarifs redescendent un moment donné, car sinon ils pourraient bien finir par nuire au marché des mises en chantier et par conséquent, aux importations de bois, donc à notre industrie du bois d’oeuvre. De notre côté, on doit donc se préparer pour les années à venir parce que ça peut être un long conflit. D’ici sa résolution, on doit faire en sorte de demeurer compétitif afin d’absorber des jours plus difficiles», estime-t-il.
Selon lui, l’imbroglio avec les États-Unis fait en sorte que certains joueurs de la province – afin d’éviter les tarifs imposés – ont orienté une partie de leur production afin de développer le marché domestique. Cela dit, il s’agirait d’une solution à court terme et qui n’est pas soutenable à long terme compte tenu de certains joueurs majeurs comme le Québec et la Colombie-Britannique.
«Il y a une limite, car le Canada n’est pas un grand marché comme celui des États-Unis et, en contrepartie, nous avons beaucoup de ressources. Néanmoins, pour le moment, ça donne une occasions à nos entreprises de réaliser des ventes ici plutôt que chez nos voisins», estime M. Légère. ■