Acadie Nouvelle

Le virus de la polio... pour combattre le cancer du cerveau

L’un des virus les plus redoutés du monde a été recruté pour lutter contre des tumeurs cérébrales mortelles.

- Marilynn Marchione

Lors d’une petite étude, la survie a été meilleure que prévu pour les participan­ts qui ont reçu des poliovirus génétiquem­ent modifiés qui ont aidé leur corps à attaquer le cancer, rapportent les médecins.

Le premier test humain de cette stratégie n’a pas aidé la plupart des patients et n’a pas amélioré la survie médiane. Mais plusieurs de ceux chez qui un effet a été noté ont semblé en tirer un bénéfice durable: environ 21 pour cent étaient en vie trois ans plus tard, contre 4 pour cent d’un groupe de comparaiso­n composé de patients précédemme­nt atteints de tumeurs cérébrales.

Des tendances de survie similaires ont été observées avec d’autres thérapies qui enrôlent le système immunitair­e contre différents types de cancer.

La docteure Annick Desjardins, de l’Université Duke, a prévenu qu’il s’agit «vraiment d’un premier pas».

Les résultats préliminai­res devaient être discutés publiés en ligne par le New England Journal of Medicine.

Les tumeurs cérébrales appelées glioblasto­mes reviennent souvent après le traitement initial et la survie est généraleme­nt inférieure à un an.

Le virus de la polio envahit le système nerveux et peut provoquer une paralysie. Les médecins de Duke voulaient tirer parti de la forte réaction immunitair­e qu’il provoque pour lutter contre le cancer. Avec l’aide de l’Institut national du cancer, ils ont génétiquem­ent modifié le poliovirus pour qu’il ne nuise pas aux nerfs, mais infecte quand même les cellules tumorales.

Le traitement unique est inséré directemen­t dans le cerveau à travers un tube mince. À l’intérieur de la tumeur, le système immunitair­e reconnaît le virus comme étant un corps étranger et lance une attaque.

L’étude a testé le poliovirus modifié sur 61 patients dont les tumeurs étaient réapparues après les traitement­s initiaux. La survie médiane était d’environ un an, à peu près la même que pour un petit groupe de patients similaires ayant reçu d’autres traitement­s pour une tumeur cérébrale à Duke. Après deux ans, le groupe des poliovirus a commencé à mieux s’en tirer.

Le suivi se poursuit, mais la survie est estimée à 21 pour cent à deux ans contre 14 pour cent pour le groupe témoin. À trois ans, la survie était encore de 21 pour cent pour le groupe de virus contre 4 pour cent pour les autres.

Huit des 35 patients traités il y a plus de deux ans étaient vivants en mars, de même que cinq des 22 patients traités il y a plus de trois ans.

Le traitement provoque beaucoup d’inflammati­on cérébrale et deux tiers des patients ont des effets secondaire­s. Les plus communs étaient les maux de tête, la faiblesse musculaire, des convulsion­s, la difficulté à avaler et les capacités de réflexion altérées. Les médecins ont souligné que ceux-ci étaient dus à la réponse immunitair­e dans le cerveau et que personne n’avait la poliomyéli­te à la suite du traitement.

Duke a commencé une deuxième étude chez les adultes, combinant le poliovirus avec la chimiothér­apie, pour tenter d’améliorer les taux de réponse. Une étude chez les enfants atteints de tumeurs cérébrales est également en cours, et des études sur le cancer du sein et le mélanome du cancer de la peau sont aussi prévues. ■

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- Archives Le virus de la polio a été resté par des chercheurs pour lutter contre le cancer du cerveau.

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