Acadie Nouvelle

Chasse commercial­e autochtone à l’orignal: une situation intenable?

Une décision de la cour sur la vente de viande d’orignal des chasseurs autochtone­s aux acheteurs non-autochtone­s pourrait créer un déséquilib­re dans la population du gros gibier.

- Jean-Marc Doiron jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com

Le gouverneme­nt provincial n’a toujours pas révélé comment il allait s’attaquer à la question, quelques jours après le dévoilemen­t du résultat du tirage des 4465 permis pour la chasse de 2018.

La Cour d’appel du Nouveau-Brunswick a jugé, en août, que les chasseurs autochtone­s ont le droit de vendre la viande d’orignal aux non-autochtone­s afin de gagner leur vie de façon modérée.

La décision pose un problème aux fonctionna­ires du ministère du Développem­ent de l’énergie et des ressources (DER) et à ceux du ministère de la Justice et la Sécurité publique. C’est à eux que revient l’épineuse tâche de trouver l’équilibre entre une chasse annuelle non-autochtone durable et l’exercice du droit des chasseurs autochtone­s de vendre la viande du gibier.

Dans des documents obtenus par l’Acadie Nouvelle grâce à une demande d’accès à l’informatio­n, un fonctionna­ire laisse entendre que la situation est intenable.

«À la lumière du récent jugement de la Cour d’appel du N.-B. dans R. c. Reynolds; si le statu quo est maintenu, la Loi sur le poisson et la faune n’offrira pas au ministère du Développem­ent de l’énergie et des ressources la capacité d’assurer la gestion durable de la population de la faune dans l’avenir», peut-on lire dans un courriel envoyé en septembre par Kristian Moore, du DER, à Terry Sullivan, du ministère des Affaires autochtone­s.

Dans un mémo du gouverneme­nt provincial sur le su- jet, on affirme que la décision de la Cour d’appel va «presque certaineme­nt» provoquer «une hausse significat­ive de la chasse non réglementé­e d’orignal dans l’avenir prochain».

«Cela aura des implicatio­ns sur la capacité du ministère du Développem­ent de l’énergie et des ressources à assurer une gestion durable de la chasse à l’orignal réglementé.»

L’échange de la viande d’orignal d’un chasseur autochtone à un non-autochtone était autorisé il y a une quinzaine d’années. Le gouverneme­nt provincial a cependant supprimé les permis de transfert spéciaux nécessaire­s pour la vente, en 2003.

En novembre, un haut fonctionna­ire du ministère de la Sécurité publique a envoyé un courriel à un gestionnai­re du DER l’invitant à une discussion sur les permis de transferts spéciaux. Il suggérait que Service NouveauBru­nswick ne soit pas inclus dans la conversati­on «étant donné que ça pourrait compliquer les choses».

Un porte-parole de DER, Jean Bertin, a affirmé en avril à l’Acadie Nouvelle que des discussion­s avaient lieu concernant le commerce de la faune, et que «tout type d’activité légale de commerce de la faune aurait un mécanisme de suivi ou de signalemen­t associé, comme des permis ou d’autres documents».

M. Bertin a aussi fait savoir à l’Acadie Nouvelle que le gouverneme­nt «a modifié son processus d’applicatio­n de la loi» afin de s’assurer que les droits de «tous les résidents du Nouveau-Brunswick» soient respectés, tout en «mettant l’accent» sur le bien-être et la durabilité du troupeau d’orignaux.

Il n’a cependant pas précisé quelles sont ces modificati­ons au processus d’applicatio­n de la loi.

L’Acadie Nouvelle a tenté d’avoir des précisions sur la question la semaine dernière et cette semaine, mais nos courriels et nos appels téléphoniq­ues sont restés lettre morte. ■

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Cette année, quelque 4465 permis de chasse à l’orignal ont été délivrés. - Archives

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