Acadie Nouvelle

LE N.-B. MIS EN GARDE CONTRE LES MINICENTRA­LES NUCLÉAIRES

L’incursion du Nouveau-Brunswick dans le monde des petits réacteurs modulaires fait froncer les sourcils des opposants au nucléaire et des partisans des énergies propres.

- Mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com @roycomeau

La province est en voie de devenir un chef de file en matière de petits réacteurs nucléaires. C’est du moins l’intention du gouverneme­nt du premier ministre Brian Gallant.

Le mois dernier, son ministre du Développem­ent de l’énergie et des ressources, Rick Doucet, annonçait un investisse­ment de 10 millions $ pour créer un groupe de recherche sur le nucléaire.

Lundi, c’était au tour de l’entreprise américaine Advanced Reactor Concepts d’annoncer une participat­ion de 5 millions $ dans le groupe de recherche en partenaria­t avec Énergie NB.

Le Nouveau-Brunswick possède l’unique centrale nucléaire des Provinces atlantique­s.

«À long terme, nous voulons construire à la centrale nucléaire de Pointe Lepreau une centrale de démonstrat­ion commercial­e de petits réacteurs modulaires», a déclaré le ministre Doucet en conférence de presse.

Selon les partisans de cette technologi­e, les réacteurs modulaires sont plus simples, plus sécuritair­es et plus rentables que les grosses centrales nucléaires convention­nelles.

Bien que ce type de réacteur n’a jamais été développé commercial­ement, Advanced Reactor Concepts affirme qu’un prototype a fonctionné pendant 30 ans aux États-Unis.

Le chef du Parti vert, David Coon, qualifie le projet de «folle aventure» dont la province devrait se tenir loin.

«L’énergie nucléaire est très chère et très risquée et ce n’est pas une énergie verte», souligne-t-il.

«À l’heure actuelle, aucune de ces technologi­es (de petit réacteur modulaire) ne fonctionne dans aucun pays.»

«C’est un rêve des ingénieurs américains qui ne s’est pas réalisé aux États-Unis, alors maintenant M. Gallant leur dit de venir essayer ici.»

Face aux changement­s climatique­s, les réacteurs modulaires sont une source d’énergie «propre» et «fiable à très faibles émissions de carbone», soutient Rick Doucet.

Si l’énergie nucléaire ne produit pas d’émissions de carbone, elle laisse derrière elle des déchets radioactif­s dont on peine à se débarrasse­r de façon sécuritair­e, rappelle Shawn-Patrick Stensil, de Greenpeace Canada.

À son avis, les réacteurs modulaires ne sont qu’une «distractio­n» alors que de véritables sources d’énergie propre et renouvelab­le ont déjà fait leur preuve.

«Chaque 10 ans, il y a un ministre de l’Énergie au Nouveau-Brunswick qui propose d’investir dans de nouvelles centrales nucléaires et ça n’arrive jamais parce qu’elles sont chères et risquées et qu’il existe d’autres options.»

«Je préfère qu’on investisse dans des énergies qui existent et qui sont en train d’être développée­s ailleurs dans le monde et dont le coût est en déclin», dit-il en citant à titre d’exemple la chute des prix des panneaux solaires fabriqués en Chine.

Le Nouveau-Brunswick devrait se méfier des entreprise­s du secteur nucléaire «qui cherchent toujours des subvention­s et qui ne sont pas capables de construire des centrales» sans argent public, prévient M. Stensil. ■

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L’intérieur de la centrale nucléaire de Pointe Lepreau. - Archives
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