Shediac: un nouveau centre pour aider les victimes de violence à refaire leur vie
La direction du Centre de crises familiales Beauséjour espère qu’elle ne devra plus jamais refuser de loger des femmes victimes d’une relation abusive, faute d’espace. La construction d’un centre d’hébergement plus spacieux débutera cet été à Shediac.
Depuis 1997, le Centre de ressources et de crises familiales Beauséjour offre son aide aux victimes de violence familiale et aux personnes une situation de crise ou aux prises avec des troubles de santé mentale.
Actuellement, l’organisme ne compte que deux appartements d’urgence, bien insuffisant pour répondre aux besoins.
Au cours de l’année 2017, 78 personnes, qui tentaient de quitter leur partenaire, se sont tournées vers le Centre de crises familiales, mais ont été informées qu’il n’y avait plus de place pour elles.
«Cinquante-quatre de ces victimes sont restées dans leur relation abusive parce qu’elle n’avait pas de place où aller», déplore Kristal LeBlanc, la directrice générale du centre.
Heureusement, l’organisme déménagera dès l’an prochain dans de nouveaux locaux. Le futur centre comprendra huit logements de transition et six lits de refuge en cas d’urgence.
Les résidents pourront partager leur vécu avec une ancienne victime de violence conjugale, qui tiendra le rôle d’intendante.
«Ça change complètement la façon dont on peut loger les victimes de violence, se félicite Kristal LeBlanc. Ça va changer leur vie.»
Son équipe travaillait depuis cinq ans à la construction d’un centre communautaire qui offre tous les services sous un même toit.
Tous les feux sont finalement passés au vert: les gouvernements provincial et fédéral ont annoncé lundi un investissement conjoint de 1,5 million $. Les travaux devraient commencer dès la fin juillet pour une ouverture prévue en mars 2019.
Ce nouvel édifice coûtera 3,9 millions $. On y trouvera notamment un local multifonctionnel où les gens peuvent notamment acquérir des compétences en littératie financière et alimentaire et se préparer au marché du travail, une boutique offrant gratuitement des vêtements appropriés pour le travail ou les entrevues d’emploi, un jardin thérapeutique, un espace récréatif extérieur pour les enfants et des locaux destinés au soutien en santé mentale.
Les nouveaux locaux sortiront de terre sur l’emplacement de l’ancien garage municipal, au 66 rue Calder. La Ville de Shediac a fait don du terrain, après avoir démoli le bâtiment et nettoyé le site.
SOULAGER LES TRAUMATISMES
Les parents séparés pourront se servir des lieux pour des visites supervisées ou pour s’échanger leur enfant sans même se croiser, et ainsi éviter que ce dernier ne soit témoin des disputes.
Les services d’aide aux victimes y seront centralisés, avec un bureau à la disposition de la GRC afin de ne pas obliger les victimes à se rendre au poste de police et un bureau médical pour des soins de base ou des cas d’abus sexuels.
Ce modèle permettra d’accélérer le processus judiciaire tout en limitant le stress, explique Kristal LeBlanc.
«Une victime d’agression sexuelle qui nous appelle va pouvoir faire l’examen médical et témoigner à la GRC sur place, elle n’aura plus besoin de se rendre à plusieurs places. L’idée c’est de réduire le traumatisme», dit-elle.
«Ça va donner la chance aux clients d’être en sécurité, de retrouver une indépendance, d’être capable de travailler et retrouver une relation saine.»
Depuis plusieurs années, l’organisme amasse des fonds pour ce projet grâce à l’événement Marchons un mile dans ses souliers et au radiothon qui dit non à la violence. Quelque 600 000$ sont encore nécessaires pour boucler le financement de la construction du centre. n